Fukushima, des particules et des hommes
Module 8
L'avenir, comment revivre ?
Muneo Kanno
08 00 35 00
Nous sommes ici dans cette belle nature, par la grâce du ciel. Mais cette belle nature a
été souillée par les radiations. L'homme l'a dévastée.
Ici, nous sommes sur mes terres.
C'est là que nous faisons toutes sortes d'expérimentations et de mesures... tous
ensemble, avec les agriculteurs du canton qui veulent continuer à se battre.
Nous, agriculteurs, avec des chercheurs, nous venons ici et, ensemble, nous
réfléchissons, nous échangeons des idées et du savoir‐faire, et surtout nous récoltons
des données scientifiques.
Sophie Houdart
08 00 35 00
Ce qui m’a beaucoup frappée et touchée, c’est le nombre de petites expériences locales,
un peu partout dans la préfecture de Fukushima, dont les citoyens sont des gens de la
société civile qui prennent la main sur la maîtrise de leur environnement.
Muneo Kanno
08 01 52 00
Nous allons récolter le riz ce week‐end. Il a déjà été testé une fois. Nous allons
maintenant tout couper, puis laisser sécher le riz, naturellement, à l’air libre.
Ensuite nous procéderons à de nouvelles mesures. C'est la deuxième année qu'on fait
comme ça.
Mais le gouvernement interdit la consommation du riz de la région.
Alors, quand on aura terminé de prendre les mesures de la radioactivité sur le riz, il
faudra tout enterrer. C'est le gouvernement qui impose ça.
C’est cruel, mais c’est comme ça
Shinzo Kimura
08 02 50 00
L’avenir des habitants de Fukushima est difficile à définir. La nature humaine veut que
l’on ait tendance à oublier les problèmes une fois les grandes difficultés passées.
Il faudra sans relâche continuer la surveillance, sans relâche continuer à mesurer la
radioactivité des aliments, la radioactivité de nos corps.
Il faudra également un suivi médical constant, afin d’assurer un diagnostic précoce et
des soins rapides, le cas échéant.
C’est tout ce que nous pouvons faire désormais. Il faut vivre avec cette contrainte.
Nicolas Foray
08 03 38 00
Aujourd’hui on sait, avec tous les développements de la science, qu’il existe des gênes de
prédisposition au cancer. Et forcément, dans la population, hommes comme femmes, on
peut avoir des gens qui peuvent avoir une certaine susceptibilité au cancer, et donc une
certaine susceptibilité au cancer radio induit, puisque les radiations sont l’un des
cancérogènes les plus connus à travers l’histoire des sciences.
08 04 06 00
Tout l’enjeu, aujourd’hui, c’est d’attribuer à chacun, à chacune de ces populations, ou à
chacun au sens de l’individu, un seuil particulier ‐ le seuil, son seuil de risque de cancer
radio induit.
Marie Augendre
08 04 32 00
La catastrophe n’est pas finie, mais pourtant, la centrale n’est pas sous contrôle : par
exemple, il y a toujours des fuites.
Mais il y a une tendance à la normalisation, déjà il y a une volonté de normalisation très
forte de la part du gouvernement, donc qui favorise tout ce qui peut abonder dans ce
sens, un retour à la normale.
Et puis il y a aussi une sorte d’usure des gens qui vivent sur place ou qui sont partis. Des
gens qui sont partis, ils n’ont plus forcément envie d’en entendre parler tout le temps,
puisque, justement, ils veulent passer à autre chose.
Les gens qui vivent sur place, c’est très compliqué de vivre au quotidien avec ce risque,
on ne peut pas mesurer ses aliments trois fois par jour avant de préparer son repas,
donc, au bout d’un moment, je pense qu’on lâche prise,
Muneo Kanno
08 05 52 00
Désolé pour l’image un peu sombre et pas très optimiste… Mais, oui, je crois que le plus
important, c’est de faire comprendre aux gens que les habitants du village d’Iitate, et
ceux de la région de Fukushima, s’efforcent de survivre.
Est‐ce qu'on veut laisser une terre souillée et inhabitable ? Ou un environnement viable
pour les générations futures…
Je pense en particulier à la France. Je pense souvent aux Français qui, d’après ce que j’ai
pu comprendre, exploitent très largement le nucléaire.
J’aimerais que vous y réfléchissiez, voilà tout.