Quoi de plus banal qu'un sanglier courant dans les forêts bavaroises et pourtant ce mammifère est en réalité radioactif et le mystère de cette contamination vient d'être résolu. Jusqu'à présent, on attribuait la radioactivité des sangliers à la catastrophe de Tchernobyl, en Ukraine actuelle. L'explosion de l'un des réacteurs de la centrale en 1986 à rejeté des produits radioactifs dans l'atmosphère. Ces particules radioactives sont ensuite retombées tout alentour et notamment dans le sud de l'Allemagne, à seulement 1500 km de l'accident. La consommation de champignons et de gibier y a alors été déconseillée durant de longues années. Mais aujourd'hui, les cerfs et les chevreuils des forêts allemandes sont bien moins contaminés, la période radioactive du Césium 137 n'étant que de 30 ans. Contrairement aux sangliers dont le taux de césium demeure quasi identique à celui mesuré juste après l'accident de Tchernobyl. C'est le paradoxe du sanglier qui semble défier les lois de la physique nucléaire. En étudiant 48 échantillons de viande de sanglier une équipe scientifique des universités de Vienne et de Hanovre montre ainsi que 88% d'entre eux sont impropres à la consommation. Reste à savoir d'où vient cette contamination. Pour répondre à cette question, les chercheurs ont mesuré dans les échantillons de viande le ratio entre deux types de césium, le 137 et le 135 dont les taux diffèrent selon qu'ils sont issus d'une centrale ou d'une arme nucléaire. Dans le cas d'un essai atomique, c'est le césium 135 qui est prépondérant. Or sa période radioactive est bien plus longue que le césium 137. L'étude montre ainsi que selon les échantillons, 10 à 68% de la contamination proviendraient des essais nucléaires qui ont connu leur apogée durant la guerre froide. En effet le césium ne s'infiltre que lentement dans les sols, au rythme de 1 mm par an. Or les sangliers se nourrissent de truffes enfouies jusqu'à 40 cm de profondeur. Elles ont donc été d'abord contaminées par le césium issu des armes nucléaires et seulement aujourd'hui par celui de Tchernobyl, ce qui explique la persistance de la contamination chez ces grands mammifères forestiers.
Réalisation :
Evrard-Ouicem Eljaouhari
Production :
Universcience
Année de production :
2023
Durée :
2min18
Accessibilité :
sous-titres français