En France, plus de 61 000 nouveaux cas de cancer du sein ont été détecté l’année passée. Mais aujourd’hui, les oncologues sont plus armés grâce à de nouveaux traitements. Quels sont-ils ? Et quels sont les espoirs du côté de la recherche ?
Quand on prend l'ensemble de tous les cancers du sein, ce qu'on dit, c'est qu'a priori, il y a un peu plus de 80 % des patientes, c'est à dire huit femmes sur dix qui vont guérir de leur cancer. Et quand on dit guérir, c'est à court terme, mais c'est surtout à long terme. On a beaucoup de chance dans le cancer du sein depuis ces dix dernières années. On a une vraie accélération dans les types de traitements disponibles et on voit arriver de nouvelles molécules tous les ans qu'on peut utiliser pour nos patientes. Les patients ont une image des traitements qui sont la chimiothérapie. Heureusement, à l'heure actuelle, on n'utilise pas uniquement la chimiothérapie. Parfois, on a des traitements qui vont remplacer la chimiothérapie. On va prendre en compte la biologie de la tumeur, la situation médicale de la patiente et on va adapter les traitements pour être les plus efficaces possibles.
L'une des avancées concerne la radiothérapie. Pendant quatre ans, une étude française a été menée sur plus de 1200 patientes. L'idée ? Réaliser moins de séances, mais avec plus d'intensité.
La radiothérapie dans le cancer du sein, c'est principalement ce qu'on appelle une radiothérapie externe, c'est à dire que les rayons sont donnés de l'extérieur vers l'organe. C'est un des traitements complémentaires à la chirurgie extrêmement fréquent pour une grande partie des cancers du sein, localisés jusqu'à maintenant pour la plupart des patientes. Avec un cancer du sein localisé, la radiothérapie était réalisée entre quatre et cinq semaines. Récemment, au congrès de l'ESMO, qui est le congrès des oncologues européens, une de nos collègues françaises a montré les résultats dans les essais cliniques, c'est à dire qu'on a évalué chez un groupe de patientes si on pouvait réduire le nombre de séances et réduire à trois semaines cette durée de radiothérapie. Cette étude a montré des résultats très favorables. Réduire la durée de la radiothérapie n'augmente pas les effets secondaires. Et une autre promesse de cette étude, c'est de montrer qu'en terme d'efficacité, on semble être tout aussi efficace que quand on faisait cinq semaines. Ça va changer en termes de qualité de vie. Venir tous les jours à l'hôpital, qu'on habite assez loin d'un centre, même tout près, ça a un impact sur le nombre de transports. La fatigue générée par les transports également. Ça va avoir un impact pour les centres. Si on fait moins de séances, on va pouvoir traiter plus de femmes et donc on va être finalement pouvoir traiter mieux les patientes avec moins de délais dans certains centres.
L'autre défi combattre les cancers triples, négatifs. Un type de cancer plus difficile à traiter et qui touche 15 % des femmes malades. Et si la solution était l'immunothérapie?
L'immunothérapie, c'est tous les traitements qui sont capables de réveiller le système immunitaire du patient. Finalement, c'est plus l'élément extérieur qui va détruire les cellules tumorales, c'est le système immunitaire du patient qui va être capable de lutter lui même contre les cellules tumorales. L'immunothérapie depuis maintenant plusieurs années est un des traitements disponibles pour les femmes qui ont des cancers du sein triple négatif. On a eu une étude qui s'appelle La Keynote-522, qui est une étude qui a été publiée il y a deux ans et qui a montré que d'ajouter à la chimiothérapie préopératoire de l'immunothérapie, la molécule qui s'appelle pembrolizumab augmente à la fois le pourcentage de patientes chez qui on a pu trouver de cellules tumorales après six mois de chimiothérapie associée à l'immunothérapie. Et puis, ce qui a été montré après, c'est que les patientes qui avaient reçu l'immunothérapie avec la chimiothérapie ont moins de rechutes de leur cancer. Et puis, depuis quelques mois, on a eu les résultats de cette étude, a montré qu'également les patients qui avaient bénéficié de cette association chimiothérapie plus immunothérapie avaient un meilleur pronostic en terme de survie, donc il y avait moins de décès liés au cancer.
Autre avancée, le développement des thérapies ciblées et cela pour tout type de cancer du sein.
On a différents types de thérapies ciblées, on a des thérapies ciblées, on parle de petites molécules. Ce sont de toutes petites molécules qui sont capables de reconnaître des anomalies liées à des mutations génétiques par exemple. Et puis on a aussi des grosses molécules, on appelle ça des anticorps. A un moment, on parlait de mammouth. Et les anticorps, ils vont être capables de reconnaître notamment des récepteurs très exprimés sur les cellules tumorales. On a énormément d'essais cliniques qui testent des innovations et aussi on teste beaucoup de combinaisons. On va additionner une thérapie ciblée avec une immunothérapie, une thérapie ciblée avec une chimiothérapie, etc. Et on essaye de trouver les meilleures combinaisons. C'est un champ extrêmement actif. Tous les ans, on a des résultats très prometteurs pour de nouveaux traitements. Tous les types de cancer du sein en terme de biologie peuvent être traités avec des thérapies ciblées. Après, ça dépendra du type de présentation clinique, c'est à dire la taille de la tumeur et on verra selon s'il existe ou pas des thérapies ciblées.
Et à l'avenir, de nouveaux traitements prometteurs sont attendus.
On n'a pas vaincu le cancer du sein, mais on a fait quand même de gros progrès. Et surtout, ce qu'on voit depuis dix ans, c'est cette adaptation des traitements le plus finement possible. Et j'imagine que les dix prochaines années vont être extrêmement riches, notamment avec l'intelligence artificielle. On va pouvoir combiner des données de biologie, d'imagerie et. Définir le meilleur traitement pour chaque patient. Je crois qu'on va être vraiment dans l'affinement des traitements. On a encore des progrès à faire. Mais c'est vrai que pour nous oncologues, on arrive à avoir des traitements de plus en plus efficaces. Mais après aussi, notre travail, c'est de gérer les toxicités. Les traitements ne sont pas dénués de toxicité et ça nécessite une certaine agilité pour bien connaître toutes les toxicités et les gérer.