- Mince, un moustique ! Ça y est, je l’ai eu...
Si ces petits diptères vous empoisonnent l’existence même lorsque vous pensez être hors d'atteinte, c’est peut-être grâce à leur odorat. En effet, lorsqu’il part en chasse, ce vampire minuscule recourt à des indices visuels, thermiques également, puisqu’il repère la chaleur du corps humain, mais aussi olfactifs. Ce dernier paramètre a été peu étudié à ce jour. Et les rares études ont essentiellement été réalisées dans l’espace restreint d’un laboratoire. Alors pour tester l’importance des odeurs humaines dans des conditions réelles, une équipe de scientifiques africains et américains s’est installée dans le district de Choma, en Zambie, un pays où abonde Anopheles gambiae, le principal vecteur du paludisme. L’équipe a mis au point un dispositif original : une grande cage centrale grillagée de 20 mètres sur 20, soit un volume de 1000 m3 équipé de caméras infrarouges et de petites cibles chauffées à la température de la peau humaine. Chacune de ces cibles est reliée par un conduit à une tente accueillant, la nuit, un individu endormi. Grâce au ventilateur du conduit, la cible exhale l’odeur de l’humain à laquelle elle est reliée. Une odeur complexe, puisqu’elle mêle des centaines de composés organiques volatils, naturellement présents dans la peau et l’haleine de l’être humain. Durant plusieurs nuits consécutives, l’équipe scientifique a relâché quelque 200 moustiques affamés, non infectés au paludisme. Elle a ensuite compté sur quelles cibles les moustiques se posaient préférentiellement, l’atterrissage étant le signe qu’ils s’apprêtaient à piquer. Résultat : ces anophèles ont bel et bien des composés olfactifs de prédilection ! Parmi ceux-ci : les acides carboxyliques, dégagés par les glandes sébacées et les micro-organismes hébergés dans l’organisme humain ; et l’acétoïne, généré par les microbes de la peau comme certaines bactéries. Cette préférence peut être très marquée. Dans un essai restreint à deux êtres humains, l’équipe a ainsi observé que l’une des cibles enregistrait deux fois plus d’atterrissages que l’autre ! Ces résultats pourraient être utilisés pour créer des répulsifs efficaces avec des combinaisons parfumées particulièrement repoussantes pour Anopheles gambiae.
Réalisation :
Barbara Vignaux
Production :
Universcience
Année de production :
2023
Durée :
2min23
Accessibilité :
sous-titres français