En pleine crise sanitaire, cette information en a étonné beaucoup. Dans la traque du virus, tous les moyens sont bons même le recours au chien renifleur. Les chiens reconnaissent l'odeur de la maladie pour mieux la détecter. Des tests prometteurs. Ça pourrait être pour bientôt. Des chiens peuvent-ils détecter un ennemi invisible ? À l'école vétérinaire de Maisons-Alfort, le professeur Dominique Grandjean en est convaincu. Avec son équipe, ils ont lancé l'expérimentation au début de la crise. Les avantages du chien sur le test PCR, c'est qu'il est non-invasif, ça ne coûte pas cher, et la réponse est immédiate. Car leur seul outil de travail, c'est leur odorat. À l'arrière de ces cônes sont placés des échantillons d'odeur prélevés sous les aisselles de patients. En quelques secondes, le chien diagnostique un cas négatif ou positif. Pour dire si c'est positif, il a un marquage. Il est différent selon les chiens : assis, couché, un aboiement... pour signifier la positivité du prélèvement. Pour reconnaître l'odeur du Covid-19, une formation de 5 à 6 semaines est nécessaire. On doit répéter l'exercice. Pour le répéter, il faut un chien motivé. Pour regarder cette motivation, on va jouer sur la récompense qui peut être diverse. Elle peut être alimentaire, ludique, ou affectueuse avec une caresse pour l'animal. Les résultats sont très encourageants. Une dernière étude menée sur 335 volontaires conclut à un taux de sensibilité de l'odorat canin de 97 %. Le Ministère de la santé veut déployer ce moyen de dépistage d'ici l'été mais le professeur regrette qu'aucun pouvoir public n'ait réagi plus tôt. La France adore les millefeuilles administratifs. Je le conçois dans la vie au quotidien, mais pas dans une situation de crise. On aura fait la démonstration que le chien est capable de marquer sur une maladie virale pandémique chez l'humain. On espère pour la prochaine pandémie, car il y en aura d'autres, que nos réactions seront plus rapides. Y a-t-il une réticence aujourd'hui à confier le diagnostic à des chiens ? Cette chercheuse au CNRS qui a longtemps collaboré avec la police judiciaire connaît le sujet. Les capacités olfactives extraordinaires du chien sont connues depuis des milliers d'années. Les récepteurs aux odeurs sont situés dans l'épithélium, au niveau périphérie. On a réalisé que l'épithélium du chien, quand on le déplie, a une surface bien plus grande que chez l'homme. En blanc, c'est la surface chez le chien. En noir, chez l'homme. On a 250 millions de cellules olfactives dans l'épithélium du chien, contre 5 millions chez l'homme. Aujourd'hui, les chiens sont déployés lors d'avalanches, pour détecter des explosifs, ou pour prouver la présence d'un individu sur une scène d'infraction. Mais diagnostiquer une maladie, est plus rare. Dans le domaine judiciaire, si un chien n'identifie pas une personne, c'est pas grave d'un point de vue pénal. Mais s'il omet d'identifier un malade, ça devient délicat. S'il passe à côté d'un échantillon positif, c'est bien plus ennuyeux. Les chiens seront-ils un jour le symbole d'une révolution médicale ? En France, un projet prometteur nommé Kdog est mené à l'institut Curie à Paris. Le cancer du sein est le plus fréquent chez les femmes. Problème : la mammographie est délaissée par 30 % d'entre elles. Les femmes refusent pour plusieurs raisons : peur des rayons X, douleur à la compression du sein puisque l'examen est réalisé seins comprimés. Peur qu'on leur détecte un cancer, et pour raisons de précarité sociale. Si demain le diagnostic pouvait être réalisé chez soi à partir d'un simple kit ? C'est déjà proposé à des femmes en parallèle de leur mammographie. Il y a cette fameuse compresse qui va être sniffée par les chiens, que la femme va appliquer pendant une nuit sur le sein qui a la lésion à caractériser. Elle la porte une nuit et le lendemain matin, elle retire la compresse, elle la plie, et la met dans ce conditionnement. Un prélèvement analysé par ces renifleurs basés dans ce centre de Champagne-Ardenne. Une preuve de concept a déjà prouvé une efficacité de 90 %. Mais l'équipe ne veut pas en rester là. Une large étude clinique en double aveugle est en cours. Objectif : prouver une efficacité maximale. Le chien peut avoir plein de limites. La première est la variabilité. Il ne travaille pas toujours de la même façon car il fait trop chaud ou trop froid, ou car il n'a pas envie... Annoncer un cancer, comme d'autres maladies, c'est pas anodin. Soit on arrive à être excellent, mais on ne peut pas avoir des résultats médiocres. Les chiens détectent une odeur mais dont les paramètres sont inconnus. Pour déterminer la signature olfactive du cancer du sein, l'équipe Kdog s'appuie sur les moyens de l'institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale. Les prélèvements de patients sont ici analysés pour former ces chromatogrammes. Une seule odeur est constituée de plusieurs milliers de molécules. Il y a beaucoup de choses à regarder en même temps. Cette odeur varie au cours du temps. C'est donc difficile d'extraire l'information pertinente, les quelques marqueurs caractéristiques du cancer du sein. Et si l'odeur était plus difficile à cerner par les chiens selon le profil des femmes ? C'est l'une des hypothèses qui restent à vérifier. On peut imaginer des différences chez les sujets âgés. Ils transpirent moins. Est-ce que dans leur sueur, on retrouve ces molécules ? Chez une personne avec une corpulence importante, des seins plus importants, qui a une petite tumeur enfouie, est-ce qu'on y arrive ? D'une centaine de patientes, l'étude clinique devrait en inclure 450. Il faudra du temps pour prouver avec certitude l'expertise du meilleur ami de l'homme