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Prises de mesures dans un champ de colza expérimental afin de déterminer les valeurs d'émission d'oxyde nitreux (ou protoxyde d'azote), près d'Olching, dans le sud de l'Allemagne, le 2 mai 2017 © AFP/Archives Christof STACHE

Les émissions mondiales de protoxyde d’azote, un puissant gaz à effet de serre également connu pour son usage comme « gaz hilarant » de par ses effets psychoactifs, dépassent les prévisions et mettent en péril les objectifs de lutte contre le changement climatique, selon une étude publiée mercredi.

En s’appuyant sur des millions de mesures atmosphériques effectuées dans le monde entier, le rapport du Projet mondial sur le protoxyde d’azote révèle que les émissions de ce gaz se sont envolées de 40 % au cours des quatre décennies précédant 2020.

Selon elle, l’agriculture est le principal responsable des émissions de protoxyde d’azote, suivie par les combustibles fossiles, les déchets et les eaux usées, ainsi que la combustion de la biomasse.

Au cours des quatre décennies précédant 2020, les émissions de ce gaz en raison des activités agricoles ont augmenté de 67 %.

Le groupe d’experts intergouvernemental des Nations unies sur l’évolution du climat (GIEC) a estimé que l’oxyde nitreux représentait 6,4 % des émissions totales de gaz à effet de serre.

Mais, pour que le réchauffement climatique reste inférieur à 2 degrés Celsius conformément à l’objectif de l’Accord de Paris sur le climat, elles doivent diminuer d’environ 20 % d’ici à 2050, selon le rapport.

Leur réduction « est la seule solution, car il n’existe à ce jour aucune technologie capable d’éliminer le protoxyde d’azote de l’atmosphère », explique Hanqin Tian, professeur en sciences de la terre et de l’environnement au Boston College et auteur principal de l’étude.

Le protoxyde d’azote est l’un des principaux gaz à effet de serre, avec le dioxyde de carbone et le méthane, à contribuer au réchauffement climatique.

En plus d’appauvrir la couche d’ozone, le gaz pollue les sols et les eaux.

Cette étude, qui s’appuie sur l’expertise de 58 chercheurs internationaux, montre que le protoxyde réchauffe 300 fois plus l’atmosphère que le dioxyde de carbone, et peut y perdurer pendant plus d’un siècle.

Pourtant, concernant le protoxyde d’azote, « nous n’avons aucune politique et les efforts sont très limités », a déclaré à l’AFP Pep Canadell, co-directeur de l’étude et chercheur en chef à l’agence scientifique nationale australienne (CSIRO).

La Chine, l’Inde, les États-Unis, le Brésil, la Russie, le Pakistan, l’Australie et le Canada sont les principaux émetteurs de protoxyde d’azote, en partie à cause de la croissance rapide de leur population et de l’augmentation de la demande dans le secteur alimentaire, selon l’étude. L’Europe, le Japon et la Corée, ont enregistré des baisses.

Les nouvelles politiques visant à limiter les émissions de ce gaz pourraient prendre jusqu’à 10 ans pour produire leurs effets, a indiqué M. Canadell.

Mais de nombreux agriculteurs cherchent à réduire leur impact carbone, notamment par une utilisation plus précise des engrais azotés, la modification génétique des cultures, une meilleure gestion des déchets animaux et des pratiques plus durables.

Toute « réduction de ces émissions, quelle qu’en soit l’ampleur, aura un impact considérable », selon Pep Candell.