Ce paradis vert perché sur la côte équatorienne a été rayé de la carte au début des années 90, une extinction massive qui est même devenue l'emblème de la déforestation et de la destruction de la biodiversité. Mais après des années à parcourir, les herbiers et les vestiges morcelés de forêt dans la région de Centinela. Une équipe internationale de botaniste vient de révéler que sa flore légendaire avait en fait survécu Dans les années 80, les dernières forêts tropicales humides de Centinela ont été rasées au profit de la culture, du cacao, du café ou encore de la banane. Au passage, une centaine d'espèces de plantes a disparu selon les botanistes de l'époque, des espèces qui n'avaient même pas encore été décrites. A tel point que Centinela a donné son nom à ce type d'extinction. Le biologiste américain Edward Osborne Wilson, a qualifié de centinéliennes les extinctions d'espèces encore inconnues de la science. Donc en 2021, quand on est retourné à cet endroit, notre a priori de base était, on va rien trouver, tout va être coupé, tout va être rasé et il y a eu des patches de forêt. Ces patches de forêt restent encore extrêmement importantes en termes de biodiversité, en arpentant ces îlots de forêt cernés par l'agriculture. L'équipe de botaniste a ainsi identifié plusieurs espèces de plantes présumées éteintes, notamment la fleur sauvage Gasteranthus extinctus. C'était une grande joie pour nous, les botanistes et et les personnes travaillant dans la conservation de la région, car en fait, elle n'était pas éteinte. Donc, heureusement, elle porte très mal son nom. Au cours des dernières années, les scientifiques ont exploré une vingtaine de fragments de forêt sur les pentes de Centinela et parcouru les bases de données des musées d'histoire naturelle de la région. On a utilisé notre outil principal d'études que sont les herbiers. Vous les voyez derrière moi, c'est des endroits ou on stocke des plantes séchées qui nous servent de librairie des plantes. On va regarder toutes les planches d'herbier. On va essayer d'identifier toutes les espèces qu'on a collectées sur le terrain. Et aussi, on va essayer de comprendre la distribution de ces espèces. Résultat, sur les 90 espèces présumées éteintes, une seule n'a pas encore été redécouverte. Certaines ont survécu dans ces reliquats de forêt et d'autres ont été retrouvées dans d'autres régions d'Amérique du sud, grâce à l'étude des herbiers. Contre toute attente, les chercheurs ont même découvert huit nouvelles espèces, allant de minuscules fleurs sauvages à des arbres à large canopée. Une plante discrète aux fleurs blanches et aux feuilles dentelées a d'ailleurs été baptisée miraculum. La seule façon de décrire la biodiversité, c'est d'utiliser un outil scientifique qu'on appelle la taxonomie. Et cette description est assez longue parce qu'il faut utiliser des spécimens d'herbier, il faut passer beaucoup de temps à observer, à mesurer, à compter. La course contre la montre, elle est vraiment d'importance dans le sens ou cette biodiversité disparaît plus rapidement que l'on travail. En plus la science de la taxonomie, ça reste quand même une science, un peu que les gens qualifient un peu de vieux jeu alors que c'est très loin de la vérité. La taxonomie, c'est une science extrêmement moderne. On utilise non seulement les planches d'herbier, mais aussi l'adn. On utilise le pollen, on fait beaucoup de prélèvements et d'observations et on fait beaucoup de terrains aussi. Donc un des buts, c'est de former le plus de gens possible. Et comme on est vraiment dans une course contre la montre, le plus de monde qu'on arrive à mettre sur le cas le mieux ça sera. La biodiversité végétale de Centinela est certes plus résiliente qu'on ne ne le pensait, mais elle reste au bord de l'extinction et ne survivra pas [00:04:00] longtemps dans ces conditions, Malgré le fait qu'on a communiqué une bonne nouvelle, il faut quand même se rappeler que ces forêts sont extrêmement fragmentées, qui dit forêt fragmentées dit population fragmentée, une population fragmentée est peu saine. Donc elles sont peut-être là encore, mais il va falloir faire un grand effort pour reconnecter ces fragments, pour que les populations qui persistent reprennent un peu un peu de punch, un peu de viabilité. C'est ce qu'on appelle en fait la dette d'extinction. Si on ne fait rien activement, si on ne protège rien et on continue à dire, en fait, les forêts sont encore là, tout va bien. On continue business as usual, ces espèces vont être amenées vers l'extinction inévitablement. Alors que la 16ème conférence de l'ONU sur la biodiversité se déroule à quelques centaines de kilomètres de Centinela, dans la ville colombienne de Cali, les scientifiques tirent à nouveau la sonnette d'alarme. Il y a quelques semaines, on a eu pas mal de rapports alarmants sur l'état de la biodiversité. Les forêts tropicales continuent à être [00:05:00] déforestées. On est loin d'atteindre les objectifs qu'on s'était fixés pour la fin de 2030. Mon message, c'est de dire qu'il faut arrêter de signer les documents et de passer à l'acte et passer à l'acte, ça veut dire beaucoup plus de financement, notamment dans la conservation de cette biodiversité, mais aussi bien aider les pays ou la plus grande biodiversité se trouve c'est à dire dans les pays du sud.