Des rats géants africains contre le trafic illégal d’espèces menacées
Après avoir sauvé des vies, le rat géant d’Afrique pourrait bien sauver des espèces en danger ! Grâce à son odorat exceptionnel, ce rongeur, expert en repérage de mines antipersonnelles et en diagnostic de la tuberculose, se lance dans une nouvelle mission…
Dans le centre de formation et de recherche de l’APOPO, une ONG hébergée par l’Université d’agriculture de Sokoine à Morogoro, en Tanzanie, 11 cricétomes des savanes (Cricetomys ansorgei), ont suivi durant deux ans un entraînement intensif en environnement contrôlé. Le but : détecter les odeurs provenant de produits issus du trafic d’espèces sauvages menacées telles que les écailles de pangolin, la corne de rhinocéros et l'ivoire d’éléphant mais aussi le bois noir d’Afrique (Dalbergia melanoxylon). Entre 2015 et 2021, ces matériaux ont représenté plus de 70 % des saisies de trafic illégal.
Faciles à élever et à dresser, capables de se glisser dans les moindres recoins, d’une longévité d’environ huit ans et, surtout, doté d’un odorat hors norme, ces rats sont des assistants de choix pour ce type de mission. Pour l’expérience, les chercheurs les ont équipés d’un dispositif astucieux, inspiré de celui employé pour la détection de mines. Grâce à un gilet sur mesure, les rongeurs peuvent, en tirant avec leurs pattes avant sur une petite balle, déclencher un bip sonore pour alerter leurs maîtres dès qu’ils identifient une cible.
Le succès est au rendez-vous :
Avec un taux de fausse alerte inférieur à 2 %, huit d’entre eux sont parvenus à distinguer ces quatre matières parmi 146 autres substances dissimulées dans des conteneurs et emballages, même lorsqu’elles sont masquées par d’autres odeurs. Leur mémoire olfactive est tout aussi impressionnante : après plusieurs mois sans exposition à une odeur spécifique, ils la reconnaissent immédiatement lorsqu’ils y sont de nouveau confrontés.
Face au trafic d’espèces sauvages, qui met en péril les écosystèmes et menace la biodiversité, la lutte se heurte aux limites des outils de détection traditionnels comme le contrôle de conteneurs par des scanneurs à rayon X.
Bien qu’encore au stade expérimental, le recours à ces rongeurs pourrait, selon les chercheurs, offrir une alternative moins coûteuse et très efficace pour contrer le commerce illégal d’espèces protégées.