Annulé samedi, le décollage de la fusée de la Nasa vers la Lune ne sera pas retenté rapidement
Publié le - par Le blob.fr, avec l'AFP
Le décollage de la nouvelle méga-fusée de la Nasa vers la Lune ne pourra pas être retenté début septembre, après son annulation au dernier moment samedi pour la deuxième fois en une semaine, un contretemps qui repousse le lancement effectif du programme américain de retour sur la Lune, Artémis. « C’est un tout nouveau véhicule, une nouvelle technologie, un tout nouveau but — retourner sur la Lune pour préparer un voyage vers Mars — et oui, cela est difficile », a déclaré lors d’une conférence de presse le patron de la Nasa, Bill Nelson.
Après une première tentative échouée lundi à causes de soucis techniques, le décollage de la première mission test Artémis 1, sans astronaute à bord, était cette fois prévu samedi à 14 h 17 heure locale (18 h 17 GMT), depuis le centre spatial Kennedy en Floride. Mais les équipes de la Nasa ont échoué à résoudre un problème de fuite de carburant, qui s’est déclenché au petit matin, au moment des opérations de remplissage des réservoirs de la fusée. Cette fuite d’hydrogène liquide ultra-froid a été qualifiée de « grosse » par Mike Sarafin, en charge de la mission à la Nasa. Le « suspect principal », a-t-il expliqué, est un « joint » qui entoure une pièce permettant de connecter le tuyau par lequel passe le carburant et la fusée — un élément conçu pour se détacher ultra-rapidement juste au moment du décollage. Les équipes pensent devoir remplacer ce joint, soit sur le pas de tir directement, soit en ramenant la fusée dans son bâtiment d’assemblage, à quelques kilomètres de là.
Ces travaux ne permettaient ainsi plus de pouvoir décoller d’ici mardi, lorsque l’actuelle période de lancement possible se terminait, en raison des positions de la Terre et la Lune.
Possiblement des semaines de retard
Autre problème : le système d’autodestruction d’urgence de la fusée, conçu pour la faire exploser en cas de trajectoire déviante après le décollage, doit a priori être de nouveau testé, et ne pourra l’être que dans le bâtiment d’assemblage. Or, rentrer la fusée et la ressortir prendra « des semaines », a indiqué Mike Sarafin. Les prochaines périodes possibles pour un lancement vont du 19 septembre au 4 octobre, puis du 17 au 31 octobre.
M. Sarafin a estimé qu’il était encore « trop tôt » pour exclure totalement la fin septembre, et a promis un point d’étape la semaine prochaine. La Nasa a précisé que la période de début octobre serait compliquée à coordonner, à cause du décollage prévu au même moment d’un équipage d’astronautes pour la Station spatiale internationale, également depuis le centre spatial Kennedy.
Quoi qu’il en soit, les dizaines de milliers de spectateurs qui étaient attendus sur la côte samedi pour le décollage devront donc encore patienter pour assister au spectacle. La fusée orange et blanche SLS, qui n’a encore jamais volé, est en développement depuis plus d’une décennie, pour devenir la plus puissante du monde.
Cinquante ans après la dernière mission Apollo, Artémis 1 doit permettre de vérifier que la capsule Orion, au sommet de la fusée, est sûre pour transporter à l’avenir des astronautes sur la Lune. Pour cette première mission, Orion s’aventurera jusqu’à 64 000 kilomètres derrière la Lune, soit plus loin que tout autre vaisseau habitable jusqu’ici.
L’objectif principal est de tester son bouclier thermique, le plus grand jamais construit. A son retour dans l’atmosphère terrestre, il devra supporter une vitesse de 40 000 km/h et une température moitié aussi chaude que celle de la surface du Soleil. Au total, le vaisseau doit parcourir quelque 2,1 millions de kilomètres jusqu’à son amerrissage dans l’océan Pacifique.
Alunissage en 2025
Le succès complet de la mission serait un soulagement pour la Nasa, qui tablait à l’origine sur un premier lancement en 2017 pour SLS, et aura investi d’ici fin 2025 plus de 90 milliards de dollars dans son nouveau programme lunaire, selon un audit public. Le nom Artémis a été choisi d’après la sœur jumelle du dieu grec Apollon -- en écho au programme Apollo, qui n’a envoyé sur la surface lunaire que des hommes blancs, entre 1969 et 1972. Cette fois, la Nasa souhaite permettre à la première personne de couleur et la première femme de marcher sur la Lune.
La prochaine mission, Artémis 2, emportera en 2024 des astronautes jusqu’à la Lune, sans y atterrir. Cet honneur sera réservé à l’équipage d’Artémis 3, en 2025 au plus tôt. La Nasa souhaite ensuite lancer environ une mission par an. Il s’agira alors de construire une station spatiale en orbite lunaire, baptisée Gateway, et une base sur la surface de la Lune. Là, la Nasa veut tester les technologies nécessaires à l’envoi de premiers humains pour un aller-retour vers Mars. Un tel voyage, qui durerait plusieurs années, pourrait être tenté vers la fin de la décennie 2030.