Le message principal, c'est que nous ne sommes pas aujourd'hui sur la bonne trajectoire mais que nous avons les options pour accélérer la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Il est consacré pour l'essentiel effectivement à explorer les options de réduction des émissions de gaz à effet de serre dans tous les secteurs et tous les domaines. C'est ce qu'on appelle en termes techniques : l'atténuation. On ne parle pas seulement de technologies propres mais c'est bien une combinaison entre moins consommer de combustibles fossiles, introduire des nouvelles technologies, faire de l'efficacité énergétique mais aussi travailler sur nos infrastructures et travailler sur nos modes de vie, c'est cet ensemble-là qui offre un potentiel de réduction d'émissions de gaz à effet de serre Il n'y a pas de date limite en-deçà de laquelle l'action est possible au-delà de laquelle tout est perdu. Ce n'est absolument pas ce que dit le rapport. Il est toujours temps d'agir et il est important de souligner qu'il n'y a pas non plus une sorte de limite, 1,5 degrés en-deçà de laquelle tout irait bien et au delà de laquelle ce serait la catastrophe. Nous subissons déjà des impacts du changement climatique. Le groupe 2 du GIEC l'a montré. Chaque degré ou dixième de degré supplémentaire entraîne des risques et des impacts supplémentaires. Par conséquent, agir est important dans tous les cas. Si on fait la somme des engagements que les États ont déjà pris aujourd'hui au titre de l'Accord de Paris, donc de limitation de la hausse ou de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre, on voit finalement et quand on les projette d'ici à 2030, ça aboutirait à stabiliser, voire à réduire très légèrement les émissions de gaz à effet de serre sur cet horizon. Donc on passe effectivement par ce clic en 2025. Ce n'est pas vraiment le sujet, Par contre, le problème principal que pointe le rapport, c'est que pour être sur une trajectoire à 1,5, il faudrait être en 2030 40% en-deçà du niveau actuel donc avoir fait une descente beaucoup plus rapide et même pour tenir un objectif de 2 degrés, il faudrait être à peu près 20% en-deçà des niveaux actuels. Là encore plus bas que ce vers où ces plans nous emmènent. Nous avons devant nous toute une série d'options pour réduire les émissions de gaz à effet de serre que l'on peut commencer à mettre en œuvre dès maintenant. C'est une nouveauté aussi du rapport par rapport au précédent, c'est de regarder de façon plus importante ce qui touche à la demande aux réductions d'émissions liées à la demande. Il y a deux choses : il y a vraiment les comportements individuels vers des vies plus sobres, sans gaspillage. Il y a une deuxième partie aussi : qui est toutes les politiques publiques, là pour le coup les choix collectifs qu'il faut faire pour rendre ces choix individuels possibles. Pour prendre un exemple : si j'ai envie de prendre mon vélo pour aller de mon domicile à mon travail, encore faut-il que je puisse me loger pas trop loin de mon travail, encore faut-il que j'ai une piste cyclable, et donc là, on est dans les politiques de logement, on est dans les politiques d'infrastructures. Donc demande ne veut pas forcément dire choix individuel. C'est aussi un enjeu de politique publique. Globalement, le rapport montre qu'à l'horizon alors cette fois-ci 2050, donc un horizon un peu plus lointain puisque ces infrastructures évidemment mettent du temps à être construites, ces mesures autour de la demande au sens large pourraient réduire les émissions de 40 à 70 % par rapport à ce qu'elles sont aujourd'hui donc ce que ça veut dire au-delà du chiffre, c'est que le potentiel est très important. Si vous prenez l'ensemble des centrales au fioul, au charbon et au gaz naturel de production d'électricité qui sont aujourd'hui en fonctionnement sur la planète ou celles qui sont en projet avancé vous supposez qu'elles tournent, qu'elles produisent de l'électricité pendant toute leur durée de vie théorique, et bien vous émettrez plus à ce moment-là de dioxyde de carbone rien qu'avec ces centrales que le budget carbone maximum dont on dispose pour faire 1,5 degrés et même à peu près autant de dioxyde de carbone que ce dont on dispose pour faire le 2 degré. Dit autrement, si vous voulez atteindre l'un ou l'autre de ces objectifs, il faut fermer de façon anticipée ces centrales le charbon d'abord, le pétrole, centrales au fioul et centrales au gaz naturel. Il faut d'abord reconnaître qu'effectivement la transition à court terme en tout cas, elle a de bonnes chances, ce que nous dit la littérature, c'est qu'elle a de bonnes chances d'avoir des coûts. Ce coût-là, il est plus que compensé par les bénéfices que l'on tire de ces politiques climatiques puisque l'on évite les dommages du changement climatique et le rapport montre que les coûts de réduction des émissions de gaz à effet de serre sont plus petits que les bénéfices attendus. en termes de dommages évités, du changement climatique pour une stabilisation à 2 degré. Être capable de se loger de façon abordable, descente, à proximité de son travail, a priori ça n'a rien à voir avec le climat, c'est une question de politique de logement, de l'aménagement du territoire, et pourtant si vous arrivez à avancer dans cette direction-là, vers cet autre objectif social, vous facilitez la réduction des émissions, puisque vous rapprochez les gens de leur travail. Par conséquent, vous avez moins besoin de transport, c'est plus facile de construire moins cher, de construire les infrastructures des pistes cyclables ou les transports en commun. Le rapport essaie d'explorer comment on peut articuler effectivement réduction des émissions et avancées vers ces autres objectifs de développement. Dans de nombreuses situations, les barrières à l'accélération de la réduction des émissions sont d'ordre administratif ou dans l'institutionnel. Par exemple, le fait que vous ayez des échelons géographiques entre l’État, la région, le département et la commune qui ne vont pas avoir forcément les mêmes orientations qui vont aboutir à des blocages. Le terme décroissance n'est pas, j'ai vérifié il est présent assez peu dans le rapport parce qu'il est en fait assez peu présent dans la littérature scientifique. Ce n'est pas un concept, en tout cas hors du cas français, qui est énormément travaillé. La question, c'est comment je change de chemin de développement. Ca inclut effectivement la sobriété, donc toutes les actions qui permettent de réduire ou limiter la consommation d'énergie d'eau, de sol, etc. Après, que ça se traduise par une croissance ou une décroissance d'indicateurs pips, le sujet est probablement secondaire. Ce que le rapport dit très clairement, c'est que si l'on veut stabiliser les températures à quelque niveau que ce soit, 1,5 - 1,6 - 2, il y a un moment où il faudra qu'on arrive à la neutralité carbone, donc le fait que les émissions résiduelles de dioxyde de carbone soit compensées par une capture équivalente du même montant dans l'atmosphère. Pour faire cette capture du carbone, la seule option qui soit aujourd'hui testée à grande échelle c'est la reforestation. Donc essentiellement planter des arbres, utiliser la pompe à carbone biologique de la photosynthèse pour stocker du carbone dans la biomasse et puis dans les sols, en discutant bien sûr toutes les limites puisque les sols servent aussi à assurer la sécurité alimentaire, la protection de la biodiversité, etc. donc on ne va pas étendre cette option de façon trop importante. Toutes les autres techniques fondées sur d'autres procédés physiques ou chimiques sont aujourd'hui complètement embryonnaires et elles sont loin d'être viables et encore moins viables à grande échelle. Dans la levée des barrières à la réduction des émissions, il y a certainement des choses très urgentes à faire notamment dans le domaine de la finance et du financement. Le rapport indique que les investissements nécessaires pour la transition bas carbone devraient être entre 4 et 8 fois, de mémoire, plus élevés qu'ils ne sont aujourd'hui à l'horizon 2030, donc on est sur un palier à franchir qui est significatif. Clairement, ce palier ne sera pas franchi par de l'argent public, ou assez peu. De nombreux États se sont endettés encore de façon significative après la crise Covid, par contre ce que note leur rapport, c'est que il y a une épargne privée disponible qui est extrêmement importante et toute la question devient : comment est-ce qu'on peut la réorienter vers des investissements, soit dans les combustibles fossiles soit dans d'autres activités, mais vers des projets qui soient bas carbone . Et là, le rapport explore toute une série d'options qui vont de la réglementation, des questions de notation à des questions de garanties publiques, par exemple qui permettraient de limiter, de faire en sorte que les risques réels ou perçus associés au projet bas carbone, parfois plus élevés que ceux associés à d'autres formes de... et bien ces risques puissent être pris en charge par la collectivité et par conséquent aider à orienter au moins au départ l'investissement dans cette direction. Les pays qui s'appuient le plus sur des industries basées sur les combustibles fossiles en particulier, vont voir l'emploi diminuer, et au contraire des emplois être gagnés dans les secteurs propres vers bas carbone. En bilan net à l'échelle globale, tout ça s'équilibre voire même devient légèrement positif, mais derrière le bilan comptable, il y a évidemment des enjeux de transition extrêmement importants, parce que les gens sont pas des pions qu'on peut déplacer comme ça, d'un endroit à l'autre, d'un secteur à l'autre. Des enjeux d'aménagement du territoire, des enjeux de formation, des enjeux d'éducation, d'innovation qui sont très importants, et qui sont regardés en détail dans notre travail. On ne réussira pas une transition bas carbone sans le faire de façon équitable et juste et sans prendre en compte les perdants, pas seulement les gagnants, mais aussi des perdants dans cette situation dans chaque pays et entre les pays, ça c'est évident. Le rapport reconnaît, c'est vraiment important, que les sociétés ont d'autres objectifs de développement d'autres priorités de développement, qu'uniquement la réduction des émissions de gaz à effet de serre et que réduire ces émissions rapidement dans tous les secteurs, ne peut pas ne pas avoir des implications, des frictions avec ces autres objectifs. La sortie de la pauvreté et l'accès à une vie décente est quelque chose qui est tout à fait possible et compatible avec un monde bas carbone. Le rapport montre aussi de grandes inégalités entre les pays dans l'accès au capital et ça ce n'est pas juste pour la réduction des émissions c'est un problème général. Il est clair qu'il y a un besoin aussi de ce point de vue de pouvoir pour les économies dans lesquelles le capital domestique disponible et l'épargne domestique n'est pas suffisante, et bien avoir accès à des financements extérieurs de façon plus importante. Voilà, là aussi il y a des enjeux très fort. Des décisions qui sont prises aujourd'hui, qui nous engagent sur le long terme et qui nous renforcent dans des chemins qui augmentent les émissions sont des décisions extrêmement dangereuses. Reconstruire de nouvelles centrales au charbon, au gaz ou au fioul, typiquement, va dans le mauvais sens. Une fois qu'on a commis des erreurs, eh bien on les paye pendant longtemps.