Pierre-Henri Gouyon, Biologiste Muséum national d'histoire naturelle
-La sélection naturelle est un processus découvert par Darwin et qu'il a nommé comme ça par analogie avec la sélection qu'exercent les humains sur les animaux ou les plantes domestiques.
Ça marche comment ?
J'ai envie d'avoir un petit chien avec des poils longs, dans une population de chiens, je garde les plus petits aux poils les plus longs et progressivement, je l'obtiendrai.
Il suffit de conserver ce qu'on veut pour la génération suivante.
Darwin s'est rendu compte que ça se produisait sans intervention humaine.
À chaque génération, on produit plus de descendants, dans presque toutes les espèces, que la terre ne peut en nourrir.
Le résultat, c'est que certains vont pouvoir survivre et d'autres, non.
Dans un environnement donné, certains vont être gardés et leurs caractéristiques vont être transmises à leurs descendants.
Donc il faut imaginer que ce qui fait qu'un individu a plus de chances de survivre qu'un autre, c'est une série de caractéristiques qui sont transmises aux descendants.
Si ça existe, de génération en génération, les caractéristiques permettant de survivre dans le milieu vont être augmentées par cette sélection naturelle et toutes les formes vivantes vont progressivement se transformer en réponse au fait qu'il n'y a pas de place pour tout le monde et que seuls certains pourront survivre.
Ça a deux conséquences.
Les individus, au cours du temps, seront de plus en plus adaptés et aptes à vivre dans l'environnement tel qu'il est.
L'autre conséquence, c'est que, dans des environnements différents, les populations vont se mettre à diverger et ce, sous l'action de deux forces.
D'une part, le fait que la sélection favorisera des aptitudes différentes dans des milieux différents.
D'autre part, le fait que, quand deux populations sont séparées, même sous l'influence de forces similaires, elles vont trouver des solutions différentes au même problème.
Ce n'est pas toujours vrai, il y a des phénomènes de convergence.
Le dauphin a un corps qui ressemble à celui d'un requin.
Ils sont extrêmement éloignés mais, vivant dans la même eau et ayant des contraintes en commun, ils vont se ressembler.
Le plus souvent, c'est le contraire, les formes divergent progressivement.
Plusieurs formes vont apparaître.
Beaucoup s'éteindront mais pas toutes.
Elles refabriqueront des choses nouvelles dont certaines s'éteindront mais pas toutes.
L'histoire de la vie est l'histoire d'un immense arbre qui part d'une origine sur laquelle on ne peut rien dire parce qu'elle n'existe plus.
Cette origine a fabriqué toute une série de formes, dont l'une est à l'origine des formes actuelles, on en est à peu près sûrs.
Parce qu'elles utilisent toutes le même ADN, le même code génétique.
Il y a tellement de points communs entre les êtres vivants qu'il y a forcément un ancêtre commun à tout le monde.
Un seul ancêtre et à partir de là, un buisson extrêmement fourni aux branches de plus en plus fines.
Toutes les formes vivantes sont le résultat de la sélection naturelle dans des environnements différents, pour des populations séparées, à partir de cette origine unique.