Pourquoi chez-vous ? Naïma Belgareh-Touzé – Biologiste cellulaire
Quand j’étais petite, j’étais curieuse de tout, mais vraiment de tout. J’adorais lire, j’adorais me promener, j’adorais regarder les petits oiseaux, les petits animaux, les petites bestioles. J’avais pas idée que cela pourrait plus tard être mon métier. Petite, ça ne me serait jamais venu à l’idée qu’un jour, je pourrais être chercheur. Pour moi, un chercheur c’est quelqu’un qui a fait de très longues études, qui a beaucoup travaillé. À l’époque, je ne m’en sentais pas capable. Quand on est biologiste cellulaire, on passe beaucoup de temps à regarder ces cellules, à marquer avec plein de colorants de toutes les couleurs ces différentes choses qui se passent à l’intérieur. Et vraiment c’est quelque chose de magnifique. Moi j’adore regarder, observer des cellules. Bien sûr, il y a toujours une idée derrière, on va chercher à expliquer un phénomène. Mais malgré cette recherche de l’explication, il y a une recherche esthétique évidente. En biologie cellulaire, les idées viennent surtout de l’observation, justement. Souvent, quand on observe les cellules, on va avoir quelque chose d’inhabituel qui se produit. Et donc là, on va se poser une question. On sent qu’il y a quelque chose qui peut nous mener à une réponse particulière. Mais ce que l’on sent c’est par notre vécu scientifique, ce n’est pas l’intuition qui arriverait sans support, j’appellerais ça plutôt du flair. Le travail de chercheur, c’est un travail qui nous oblige tous les jours à être objectifs, pragmatiques. On va avoir besoin de preuves et ça aussi bien dans notre vie scientifique que dans notre vie de tous les jours. On va croire plus les actes que les paroles. Aussi bien dans… je parlais des médias… dans les médias, mais aussi dans notre entourage. Quand on regarde ce que l’on fait nous, dans notre coin, dans notre équipe, dans notre institut, c’est rien par rapport à la tonne de connaissances qui est produite chaque jour. Il faut oublier ce détail, il faut juste penser que ce que l’on fait, c’est aussi essentiel que le travail de la fourmi qui amène sa brindille. Si chacun amène sa brindille, on construit une belle fourmilière. Quand une hypothèse s’avère vraie, on a un plaisir vraiment incommensurable. Le plaisir finalement d’avoir participé quelque part à la connaissance. Et ce plaisir-là, on sait qu’à force de recherches, on va à nouveau l’avoir. Donc c’est presque un peu comme une drogue. Et même si ce plaisir est très court parce que finalement, on a répondu à une question, maintenant, il faut recommencer et c’est après ce plaisir-là que l’on court.