Fukushima, des particules et des hommes
Module 1
Une pollution en mouvement
Shinzô Kimura
01.00.49.00
C’est d’abord le toit qui a été contaminé, à cause de la neige et de la pluie. Ensuite, les
saletés accumulées sur le toit se sont écoulées par les gouttières. Elles passent par les
gouttières et circulent, circulent, et retombent ici.
C’est en s’écoulant comme ça, ici et là, que, dans cette partie, les éléments radioactifs
s’accumulent et forment ensuite des hotspots.
01.01.21.00
Le 12 mars 2011, un nuage radioactif s’échappe des réacteurs en perdition de la centrale
de Fukushima Daiichi
Aujourd’hui, quatre ans après l’accident, dans la région de Fukushima, des citoyens et
des scientifiques tentent de comprendre et de vivre avec cette contamination qui n’en
finit pas de se déplacer.
Shinzô Kimura
01.01.58.00
La centrale de Fukushima était par là. Le vent, au lieu de souffler par ici, il est descendu
par‐là, comme ça.
Le vent a soufflé dans ces deux directions. Le vent est descendu dans la vallée, en
polluant les endroits marqués par des points rouges.
01.02.18.00
Quand on a commencé à faire cette carte pour voir où était la radioactivité, nous, on ne
savait pas que les doses avaient été assez fortes, au point de nous irradier. On a compris
aussi que les récoltes, les rizières, les champs, tout ça, c’était fini. On a compris parce que
c’est apparu clairement en nombre de becquerels.
01.02.39.00
On a compris avec les chiffres de cette carte tout ce que l’explosion avait engendré.
On s’est rendu compte, après deux ans, que la radioactivité n’avait pas diminué partout.
01.02.53.00
Oui, c’est vrai, il y a par endroits une atténuation naturelle ou, au contraire, par endroits,
une accumulation et une hausse de la radioactivité à cause de phénomènes comme la
pluie ou le vent. C’est ce que nous avons pu vérifier.
Patrick Chardon
01.03.08.00
Quand on parle de l’accident de Fukushima, on se retrouve donc avec un premier nuage
qui va apporter, donc, une déposition au niveau du sol, donc à la fois sous des formes de
particules, ou en forme de poussières, d’aérosols divers et variés, qui vont se déposer
sur les surfaces.
Et, dans un deuxième temps, cette radioactivité qui s’est déposée initialement, elle va
être également remaniée. C’est‐à‐dire qu’on va avoir des phénomènes du type du vent,
qui vont pouvoir re‐soulever les poussières et les emmener plus loin, donc les
réaccumuler ailleurs.
On peut avoir aussi un phénomène de lessivage par la pluie, c’est‐à‐dire que l’eau, elle
vient laver globalement les surfaces, donc elle entraîne les particules radioactives qui se
sont déposées ; donc elle va les entraîner soit dans le sens des eaux de ruissellement
telles qu’on les retrouve, soit… ou alors, dans une deuxième option, à travers le sol ; donc
plus ou moins… de manière plus ou moins profonde au niveau de chacun des sols.
01.04.03.00
Parmi les radionucléides qu’on va retrouver dans le panache… on retrouver
principalement des gaz rares, radioactifs, notamment le xénon 133, qui vont être
massivement présents dans les rejets atmosphériques.
Par la suite, ce qu’on va retrouver… un élément assez connu qui est les isotopes de l’iode,
et notamment l’iode 131 qui est assez réputé, enfin, qui est assez reconnu depuis
l’accident de Tchernobyl ; on va retrouver tout un spectre de ce qu’on appelle les
tellures ; et, enfin, on va retrouver tous les césium.
Commentaire
01.04.37.00
Xénon, iode, césium : ces différents radionucléides présents dans le territoire contaminé
vont continuer d’émettre des particules radioactives plus ou moins longtemps. En effet,
chaque radionucléide possède sa propre période, ou « demi‐vie » radioactive.
Par exemple, pour le césium 137, ce qu’on appelle sa « demi‐vie » est d’environ trente
ans. Cela veut dire qu’au bout de trente ans, l’activité radioactive initialement présente
aura diminué de moitié. Si on se projette à soixante ans, il restera la moitié de la moitié,
donc un quart de la radioactivité initialement présente.
Patrick Chardon
01.05.19.00
Par exemple, l’iode 131, sa période, sa demi‐vie, est de huit jours : le césium 137, lui, a
une durée de vie beaucoup plus grande à l’échelle de notre vie humaine, hein, c’est‐àdire
qu’elle est de l’ordre de trente ans ; et si on s’intéresse à des éléments primordiaux
tels que l’uranium 238, là, on atteint les milliards d’années, c’est de l’ordre de 4 à 4,5
milliards d’années, c’est‐à‐dire à peu près l’âge de la Terre.
Sophie Houdart
01.05.43.00
Aujourd’hui, quelque chose peuple l’air qu’on respire de manière indélébile, qui a une
durée de vie qui dépasse largement celle des… de nos générations et que, sans qu’on
puisse en faire l’expérience, il y a cette idée, avec la radioactivité, qu’on ne pourra pas
s’en débarrasser.