Une combinaison gagnante contre le moustique-tigre testée en Chine
Publié le - par le blob avec l'AFP
La combinaison de deux techniques de lutte contre le moustique-tigre s’est révélée efficace pour quasiment éliminer ces insectes vecteurs de maladies (comme la dengue et le chikungunya) au cours d’une étude sur deux sites tests en Chine, selon des résultats diffusés le 17 juillet. Les chercheurs ont à la fois irradié des moustiques femelles pour les stériliser et infecté les mâles par une bactérie qui les empêche de se reproduire avec les femelles non infectées, expliquent-ils dans la revue Nature.
Cette expérience représente « une avancée importante et démontre le potentiel de ce nouvel outil », a souligné Peter Armbruster, professeur de biologie à l’université Georgetown (États-Unis), dans un commentaire de l’étude. L’équipe de chercheurs dirigée par Zhiyong Xi, de l’université du Michigan (États-Unis) et de l’université Sun Yat-sen de Canton (Chine), a réalisé son expérience pendant deux ans, dans deux îles situées sur des rivières proches de cette ville du sud de la Chine. La région connaît l’un des taux de transmission de la dengue parmi les plus élevés de ce pays.
Résultat : le nombre des œufs de moustiques éclos a chuté de 94 %, avec des périodes allant jusqu’à 13 semaines sans une seule éclosion de moustique. Le nombre moyen des femelles – ce sont elles qui piquent les humains et risquent donc de leur transmettre les maladies dont elles sont porteuses – a quant à lui plongé de 83 % à 94 %. Il s’est même passé jusqu’à six semaines sans qu’aucun spécimen ne soit attrapé. Et le nombre des piqûres signalées par les habitants de la zone a chuté de 97 %.
Le moustique Aedes albopictus, ou moustique-tigre, est le principal vecteur de la dengue, du virus Zika, du chikungunya et de la fièvre jaune. Il est responsable de l’infection de millions de personnes chaque année dans le monde. Les mesures habituellement utilisées pour lutter contre sa prolifération et les épidémies qu’il transmet (répulsifs, moustiquaires) atteignent leurs limites face à la capacité d’adaptation de cette espèce, qui se développe essentiellement en milieu urbain et présente la particularité de piquer le jour.
« Zone protégée »
Deux nouvelles méthodes sont actuellement testées dans plusieurs pays. La première consiste à disséminer des insectes élevés en laboratoire et rendus stériles par irradiation. Les femelles autochtones qui s’accouplent avec les mâles stériles ont une descendance non viable, ce qui entraîne un déclin de la population naturelle. Mais cette technique n’a jusqu’ici pas donné de bons résultats avec les moustiques parce que les doses de rayonnement stérilisantes les affaiblissent et réduisent leur aptitude à rivaliser avec les autres mâles, explique l’Organisation mondiale de la santé.
L’autre méthode consiste à infecter les moustiques mâles avec une bactérie, Wolbachia, qui les rend « incompatibles » avec les femelles non infectées et empêche ainsi les œufs pondus de se développer et d’éclore. Toutefois, cette technique ne fonctionne pas si la femelle est contaminée par la même souche de Wolbachia que le mâle. Or il est quasiment impossible de s’assurer qu’aucune femelle ne se trouve parmi les insectes infectés relâchés dans la nature, risquant ainsi de reconstituer rapidement une population capable de se reproduire.
Pour surmonter ces difficultés, les chercheurs ont infecté des moustiques-tigres avec une souche de Wolbachia provenant d’une autre espèce de moustique, puis les ont irradiés, mais à un faible niveau, ce qui a rendu les femelles stériles tout en permettant toujours aux mâles de se reproduire. Ils ont ainsi pu se passer de l’étape laborieuse et coûteuse qui consiste à vérifier le sexe des insectes avant de les disséminer et relâcher rapidement un nombre important de moustiques dans la nature.
« Notre but est d’utiliser cette technique pour créer une zone protégée sans aucun moustique vecteur de maladies », a expliqué Zhiyong Xi à l’AFP. L’expérience n’a pas fonctionné à 100 % : les populations d’insectes ont moins chuté dans les zones avec davantage de circulation routière et de constructions que dans les zones isolées, probablement en raison de la migration de moustiques provenant d’autres régions. Mais la méthode est malgré tout prometteuse pour des endroits où des éléments tels que des autoroutes forment des « barrières naturelles » contre l’arrivée de moustiques de l’extérieur, fait valoir le chercheur.