Un rat aide moins son congénère en présence de témoins passifs
Publié le - par le blob avec l’AFP
Les rats sont moins enclins à secourir un congénère si des membres de leur groupe assistent passivement à la scène, selon une étude qui éclaire d’un nouveau jour le soi-disant « effet spectateur » ou « effet témoin ».
Pour Peggy Mason, neurobiologiste à l’université de Chicago et autrice principale de l’expérience, les résultats peuvent aider à mieux comprendre des comportements humains, par exemple ceux de policiers qui n’interviennent pas quand un coéquipier se livre à des violences abusives. L’expérience, décrite dans la revue américaine Science Advances mercredi, a montré qu’un rat, lorsqu’il était seul, aidait généralement un autre rat à se libérer d’un piège (une boîte en plastique), et lui ouvrait la porte. Mais lorsque les chercheurs ont ajouté à la scène deux rats témoins et médicamentés avec des anxiolytiques, le même rat n’intervenait plus et laissait son congénère bloqué. À l’inverse, quand les rats-témoins n’étaient pas drogués, le rat était encore plus enclin à devenir un bon Samaritain que lorsqu’il était seul.
Le terme « d’effet-spectateur » a été inventé par des psychologues après le meurtre en 1964 de Catherine (Kitty) Genovese à New York, auquel une trentaine de voisins auraient assisté sans intervenir. En réalité, plusieurs d’entre eux étaient intervenus, mais le concept a perduré, et a été vérifié par des expériences où des individus étaient entourés de témoins passifs.
Un article scientifique de Richard Philpot publié dans la revue American Psychologist l’an dernier a montré qu’en réalité – et non comme dans les vieilles expériences –, les témoins d’une scène violente intervenaient la plupart du temps. Son étude a passé en revue plus de 200 violents incidents enregistrés par des caméras de surveillance : dans neuf cas sur dix, les gens intervenaient.
Cette nouvelle expérience menée sur les rats est cohérente avec l’étude de Richard Philpot, car elle montre que le désir d’entraide du rat est magnifié par la présence de témoins aidants. L’équipe de Peggy Mason pense que chez les êtres humains, comme chez les rats, l’altruisme est lié aux circuits internes de récompense du cerveau, et non à la notion de responsabilité individuelle parmi plusieurs personnes présentes.