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Lancement de satellites Starlink par une fusée Falcon 9 de SpaceX, le 6 janvier 2019 à Cap Canaveral © SPACEX/AFP Handout

La société spatiale californienne SpaceX a lancé lundi 60 satellites supplémentaires pour sa constellation Starlink de fourniture d’internet à haut débit depuis l’espace, un service destiné à couvrir en priorité les zones isolées ou mal connectées du globe.

Une fusée Falcon 9 a décollé de Cap Canaveral à 21 h 19 (2 h 19 GMT), selon une retransmission en direct du lancement par SpaceX. Une heure après, la grappe de 60 satellites s’est séparée sans encombre à 290 km au-dessus de l’océan entre l’Australie et l’Antarctique, une étape filmée en direct par une caméra à bord du second étage de la fusée. Si la mise en orbite réussit, la constellation comptera un peu moins de 180 satellites, après deux lancements de 60 l’an dernier (quelques-uns des premiers satellites lancés sont tombés en panne). Planet Labs, qui photographie chaque jour toute la Terre en haute résolution, a environ 140 satellites actifs en orbite, ce qui représentait jusqu’à présent la plus grande constellation active.

SpaceX utilise ses propres Falcon 9, qui sont réutilisables, et a prévu une cadence de lancements inédite : elle en prévoit deux autres d’ici fin janvier. Et une responsable de SpaceX avait dit en septembre qu’elle espérait réaliser deux lancements par mois en 2020, un rythme que la société n’a pas encore prouvé qu’elle était capable de tenir, techniquement ou financièrement.

Au total, la société fondée par Elon Musk a demandé des licences pour envoyer jusqu’à 42 000 satellites, un chiffre tout à fait hypothétique à ce stade. SpaceX a redit lundi que son service internet serait opérationnel en 2020 pour le Canada et le nord des États-Unis, et que le reste du monde commencerait à être couvert après 22 lancements supplémentaires.

Si la constellation se concrétise, SpaceX aura plus de satellites en activité que l’ensemble des autres opérateurs de la planète réunis, civils et militaires, qu’on estime à environ 2 100. Les petits satellites Starlink d’environ 200 kg, équipés d’un panneau solaire, sont fabriqués, lancés et opérés par SpaceX. Pendant les un à quatre prochains mois, ils monteront doucement, avec leur propre propulsion, jusqu’à leur orbite opérationnelle de 550 km.

Des points dans la nuit

L’altitude relativement basse devrait permettre un temps de réponse plus rapide que les satellites de télécommunications traditionnels, qui volent en orbite géostationnaire à 36 000 km. Ce temps réduit est crucial pour les jeux vidéo en ligne, ou les conversations vidéo. Le maillage du ciel devra être assez dense pour que plusieurs satellites Starlink soient toujours en ligne directe avec l’abonné. SpaceX n’a pas dévoilé de prix ou de mode d’abonnement, mais le terminal de réception devrait avoir une antenne plate de la taille d’une boîte de pizza. Le marché le plus lucratif n’est pas les internautes des villes et des zones déjà bien reliées à internet par la fibre ou le câble, mais des régions mal connectées ou où le débit est faible, zones rurales et désertiques, ou encore les océans…

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Elon Musk (d), le fondateur de la société SpaceX, le 3 décembre 2019 à Los Angeles © GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP/Archives Apu Gomes

Le lancement de la première grappe en mai 2019 avait provoqué un émoi dans la communauté des astronomes, car le « train » de 60 satellites était clairement visible dans le ciel nocturne, la lumière du Soleil se reflétant sur eux en altitude. L’idée que des milliers d’autres les rejoignent faisait craindre un ciel moucheté et ruiné à jamais pour les observations astronomiques. Après avoir balayé ces critiques, Elon Musk a reconnu leur légitimité. L’un des 60 satellites lancés lundi a un revêtement différent, afin qu’il reflète moins la lumière. « Mais SpaceX n’a pas encore rassuré les astronomes », dit à l’AFP Laura Seward Forczyk, analyste du secteur. Il faudra plusieurs jours pour comparer cette version des satellites Starlink à la précédente.

OneWeb est l’autre société avancée pour fournir un nouvel internet à haut débit depuis l’espace. La société veut couvrir l’Arctique avec du très haut débit (375 giga par seconde) au-dessus du 60e parallèle à la fin de 2020, avec une couverture 24 h/24 au début de 2021. OneWeb n’a que six satellites en orbite aujourd’hui, mais prépare des lancements d’une trentaine de satellites à chaque fois, avec un objectif final de 650 appareils. Là encore, la société devra prouver qu’elle a la capacité financière de réaliser ce lourd investissement initial.