Image légendée
Le delta du Gange, du Brahmapoutre et de la Meghna photographié par le satellite Envisat de l’Agence spatiale européenne (Esa). L’image, acquise le 8 novembre 2003, s’étend sur une surface de 633 km à 630 km avec une résolution spatiale de 300 mètres © Esa

C’est la première étude fiable menée à l’échelle régionale qui mesure l’affaissement des terres et la montée des eaux dans le delta du Gange, du Brahmapoutre et de la Meghna, une des régions les plus peuplées au monde. Elle est le fruit d’une vaste coopération internationale, réunissant des scientifiques du CNRS, de l’IRD, du BRGM, des universités de La Rochelle et des Antilles, de l’université d’ingénierie et de technologie du Bangladesh et de l’université d’État de l’Ohio.

La zone considérée couvre les deux tiers du Bangladesh et une partie de l’Inde orientale. Elle est régulièrement sujette aux inondations, favorisées par les épisodes de mousson, l’élévation du niveau marin, l’important débit des fleuves et l’affaissement du sol.

L’équipe a analysé les relevés mensuels d’une centaine de stations mesurant le niveau des cours d’eau ou de la mer dans le delta. Entre 1968 et 2012, ce niveau a augmenté en moyenne de 3 millimètres par an, un peu plus que l’élévation moyenne du niveau marin à l’échelle mondiale (2 mm/an durant la même période). L’équipe a ensuite calculé le rythme de l’affaissement du sol dans le delta entre 1993 et 2012 : il a varié de 1 à 7 mm/an. C’est, par chance, une valeur inférieure à certaines mesures locales : 1 à 2 cm/an à Dhaka, par exemple.

À ce rythme, toutefois, et y compris dans un scénario de réduction des émissions de gaz à effet de serre, la montée des eaux dans le delta atteindrait 85 à 140 cm, selon les zones, d’ici la fin du siècle (par rapport à la période 1986-2005). Soit le double des projections inscrites dans le dernier rapport du Giec, qui n’intégraient pas le phénomène d’affaissement des sols !