C'est une « prouesse technologique » dans l'espace : la Chine a rapporté jeudi sans encombre des échantillons de Lune, première mission de ce type depuis plus de 40 ans

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Le module lunaire chinois Chang'e 5 à son retour sur Terre, le 17 décembre 2020 en Mongolie intérieure © AFP STR

Le module de retour de la sonde spatiale Chang'e 5 a atterri « avec succès » dans la région de Mongolie intérieure (nord), a indiqué l'agence spatiale chinoise (CNSA). Ces échantillons, après analyse, permettront de mieux comprendre l'histoire lunaire. La mission a également permis d'affiner les technologies nécessaires à l'envoi d'astronautes chinois sur la Lune -- un objectif de Pékin à l'horizon 2030.

Avec cette opération, la Chine devient le troisième pays à rapporter des échantillons de Lune, après les Etats-Unis et l'ex-URSS dans les années 1960-1970.

Le président Xi Jinping a félicité les équipes chargées de la mission :  « votre brillant exploit restera toujours gravé dans la mémoire de notre patrie et de notre peuple ».

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Le module lunaire Chang'e-5 après son atterrissage en Mongolie intérieure, dans le nord de la Chine, le 17 décembre 2020 © AFP STR

C'était la première tentative de rapporter des échantillons lunaires depuis la mission soviétique Luna 24, menée avec succès en 1976.

Une mission très difficile

Les Etats-Unis avaient également prélevé des roches lors de la mission habitée Apollo 17 (1972), mais celles-ci avaient été directement collectées par les astronautes, ce qui nécessitait moins de manipulations à distance.

« Une mission aussi complexe est (...) encore très difficile à réaliser aujourd'hui, même pour les États-Unis, la Russie et les autres puissances de l'espace. » déclare Chen Lan, analyste du site GoTaikonauts.com, spécialisé dans le programme spatial chinois.

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La sonde chinoise Chang'e 5 recueille des échantillons sur la Lune, le 2 décembre 2020 © China National Space Administration (CNSA) via CNS/AFP/Archives

La sonde Chang'e 5 (qui tire son nom de Chang'e, déesse de la Lune dans la mythologie chinoise) avait été lancée le 24 novembre 2020. Elle s'était posée le 1er décembre près du Mons Rümker, dans une zone lunaire encore jamais explorée. La mission consistait à collecter deux kilogrammes de matière.

Après avoir récolté ces échantillons, l'atterrisseur de la sonde avait dû remonter automatiquement en orbite lunaire, s'arrimer à l'orbiteur puis transférer sa cargaison au module de retour. Des opérations délicates, commandées à distance depuis la Terre.

« Cela n'avait jamais été fait jusqu'à présent, par personne », déclare Jonathan McDowell, astronome au Centre Harvard-Smithsonian pour l'astrophysique, aux Etats-Unis. « Le fait que tout se soit déroulé sans fausse note est un signe de la maturité du programme spatial chinois. »

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La sonde chinoise Chang'e 5 sur la surface de la Lune, le 4 décembre 2020 © China National Space Administration (CNSA) via CNS/AFP/Archives

La Chine et son programme spatial

Le vice-directeur de la CNSA, Wu Yanhua, a déclaré jeudi que les échantillons serviront principalement aux scientifiques. Ils pourront ainsi en apprendre davantage sur les origines et l'activité volcanique de la Lune.

Une partie des roches sera par ailleurs exposée dans un musée de Pékin et une autre stockée à Shaoshan (centre), la ville natale du fondateur du régime communiste Mao Tsé-toung, a révélé M. Wu. L'ONU souhaite également recevoir quelques échantillons, selon le responsable.

Il s'est par ailleurs dit « ouvert à une coopération sincère et amicale avec les Etats-Unis » sur les roches lunaires, tout en rappelant que ces derniers interdisent en théorie à leur agence spatiale (Nasa) toute collaboration avec la Chine.

Le géant asiatique investit des milliards d'euros dans son programme spatial, afin de rattraper les Européens, les Russes et les Américains. 

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Le module lunaire Chang'e-5 après son atterrissage dans la province chinoise de Mongolie interieure, le 17 décembre 2020 © AFP STR

La Chine avait envoyé son premier astronaute dans l'espace en 2003. 

Elle avait frappé un grand coup début 2019 en faisant atterrir un engin sur la face cachée de la Lune, une première mondiale.

Le pays vient par ailleurs d'achever en juin la constellation de son système de navigation Beidou, rival du GPS américain. 

Il a lancé cet été une sonde vers Mars, où il espère faire atterrir un petit robot en mai 2021. La Chine prévoit par ailleurs d'assembler une grande station spatiale d'ici 2022.