L’évolution humaine sous le feu du volcan
Publié le - par Caroline Ando
Il y a environ 74 000 ans, l’éruption explosive du super volcan Toba dans l’ile de Sumatra, en Indonésie, est soupçonnée d’avoir éteint une grande partie de l’humanité. Cette explosion gigantesque et ses poussières auraient bouleversé le climat avec un hiver volcanique d’une dizaine d’années suivi d’un refroidissement global pendant un millénaire. Ce changement brutal de l’environnement pourrait avoir modifié le cours de l’évolution humaine par la disparition des différentes espèces d’hominidés qui existaient alors, dont des Homo sapiens déjà sortis d’Afrique. N’aurait subsisté qu’une population résiduelle de quelques milliers d’individus en Afrique orientale. Ces Homo sapiens survivants auraient ensuite opéré une nouvelle migration vers l’Asie et l’Océanie environ 14 000 ans après l’éruption. Cette hypothèse du « goulet d’étranglement » (bottleneck) de population chez les hominidés a été échafaudée à partir d’études génétiques qui montreraient que les humains d’aujourd’hui, en dépit de leur apparente variété, descendent d’un petit groupe, contemporain de la catastrophe de Toba.
Une nouvelle étude vient contredire cette hypothèse. En étudiant des pierres façonnées par la main humaine sur le site de Dhaba, au centre de l’Inde, et en les datant, une équipe de l’université du Queensland estime que des populations étaient présentes sur ce site il y a au moins 80 000 ans, donc avant l’explosion du volcan, et y seraient restées jusqu’à il y a au moins 48 000 ans. Et la production d’outils n’aurait pas faibli alors que les cendres du volcan refroidissaient le climat. L’hiver volcanique n’aurait ainsi pas été aussi fatal que cela.
Par ailleurs, les techniques de taille utilisées à Dhaba partagent des caractéristiques communes avec celles utilisées à la même époque en Afrique et il y a 65 000 ans en Australie. Pour les auteurs de la publication, ces outils pourraient avoir été façonnés par des Homo sapiens sortis d’Afrique avant l’explosion.
