Des molécules qui empêchent de vieillir en bonne santé
Publié le - par Anaïs Poncet
Vivre plus longtemps, oui, mais en bonne santé de préférence ! Bonne nouvelle : pour la première fois, des chercheurs chinois ont réalisé une expérience de grande ampleur permettant d’identifier des dizaines de gènes impliqués dans le phénomène de déclin comportemental lié à l’âge.
Shiking Cai, de l’Institut de neuroscience de Shangai, co-auteur de l’étude revient sur les origines de leurs recherches : « Les neurotransmetteurs sont des composés chimiques libérés par le cerveau, capables de contrôler une multitude de comportements. Avec l’âge, l’action des neurotransmetteurs faiblit, ce qui provoque une détérioration du comportement, affectant par exemple la prise de poids, le rapport à la nourriture et les capacités cognitives. Si l’on trouve des gènes pouvant diminuer l’expression des neurotransmetteurs spécifiquement lorsque les personnes ont atteint un âge avancé, alors ces gènes pourraient être des “régulateurs du déclin comportemental” ».
Pour identifier ces régulateurs, Shiking Cai et ses collègues ont réalisé des expériences sur Caenorhabditis elegans, un nématode d’un millimètre environ, dont presque la moitié des gènes auraient un homologue chez l’Homme. Ils ont testé, un à un, 80 % des gènes connus de ce petit ver. Bilan : 59 d’entre eux sont de potentiels régulateurs du déclin comportemental. En d’autres termes, 59 gènes empêchent de vieillir en bonne santé, en diminuant l’expression des neurotransmetteurs.
Parmi ces régulateurs, deux ont retenu l’attention de l’équipe chinoise : BAZ-2 et SET-6. « Ils semblent avoir un très gros impact et apparaissent dans des processus clés du vieillissement », précise Shiking Cai. « D’ailleurs, en les supprimant dans certains vers, on s’est aperçu qu’on diminuait le déclin comportemental lié à l’âge et on augmentait de 15 % la durée de vie de C. elegans. ».
Cette découverte, réalisée chez C. elegans, pourrait être exploitée de manière plus générale, BAZ-2 et SET-6 ayant des homologues chez d’autres espèces. Chez la souris, des études ont mis en évidence que la suppression de l’homologue de BAZ-2 diminue la prise de poids liée à l’âge et empêche le déclin des capacités cognitives. Chez l’Homme, les homologues de ces deux facteurs sont de plus en plus exprimés avec l’âge et semblent même augmenter pendant la progression de la maladie d’Alzheimer.
L’identification de ce type de régulateurs semble donc une piste prometteuse pour pouvoir vieillir en bonne santé. Reste à savoir comment réduire leur action.