Des astronomes appellent le public à l’aide pour traquer les trous noirs
Publié le - par le blob avec l'AFP
Des milliers de trous noirs à portée de clic : un réseau d’astronomes européens appelle le grand public à l’aide pour trouver l’origine de structures complexes détectées dans l’Univers par radiotélescope, et qui seraient liées à de mystérieux trous noirs supermassifs présents au centre des galaxies.
Ce nouveau programme de sciences participatives, baptisé LOFAR Radio Galaxy Zoo, « donne à quiconque possède un ordinateur la possibilité d’aider la communauté scientifique » à interpréter les données recueillies par le radiotélescope LOFAR, un ensemble d’antennes réparties à travers l’Europe, explique mardi dans un communiqué l’Observatoire de Paris-PSL, qui exploite la partie française du réseau.
LOFAR, qui observe les ondes radio émises dans l’Univers, est en train de construire une vaste image du « ciel radio » : contrairement aux images prises avec des télescopes optiques, les étoiles et les galaxies n’y sont pas directement visibles. On y voit en revanche des structures aux formes complexes, dont l’origine reste mystérieuse.
« Nous observons des ondes radio issues de particules chargées, qui sont produites par des phénomènes physiques hyper violents, notamment les trous noirs », détaille Cyril Tasse, astrophysicien à l’Observatoire, l’un des initiateurs du projet. Lorsqu’un trou noir supermassif est actif, le radiotélescope ne montre que les jets de particules qu’il produit – de grands panaches de gaz éjectés loin hors de la galaxie – et pas l’objet en tant que tel : comme si l’on voyait le sillage d’un bateau, sans voir le bateau.
Or les scientifiques ont besoin de localiser les trous noirs, de connaître leur « galaxie hôte ». Pour pouvoir in fine reconstituer le scénario de leur formation, il y a des millions, voire des milliards d’années, et comprendre « pourquoi il y a un trou noir au centre de toutes les galaxies », résume l’astrophysicien.
D’où l’idée de lancer un site de sciences participatives : « LOFAR génère des quantités monstrueuses de données (50 pétaoctets, soit l’équivalent d’une pile de DVD haute comme 40 fois la Tour Eiffel) », que les 200 astronomes ne peuvent à eux seuls interpréter.
« 150 000 sources complexes ont besoin d’être identifiées, et elles ne peuvent l’être qu’à l’œil », développe Cyril Tasse. A l’aide d’un tuto vidéo, chaque participant est appelé à superposer une image radio et une image optique, et trouver ainsi la galaxie hôte du trou noir.
Ou bien éliminer le scénario d’un trou noir – les jets radio pouvant aussi provenir d’autres processus comme des explosions d’étoiles. Les astronomes tablent sur un million de clics.