Alcoolisme : la justice suspend la vente du Baclocur
Publié le - par Le blob, l’extra-média, avec l’AFP
La justice a suspendu la vente du Baclocur, deux jours seulement après le début de sa commercialisation en tant que seul médicament à base de baclofène autorisé pour traiter l’alcoolisme, a-t-elle annoncé jeudi 18 juin. Le tribunal administratif de Cergy-Pontoise a ainsi donné raison mercredi à une association de patients, Baclohelp, qui juge trop faible la dose limite imposée pour prescrire ce médicament.
En attendant une décision sur le fond, ce jugement en urgence (référé) aboutit à un retour à la situation antérieure : d’autres médicaments à base de baclofène peuvent à nouveau être prescrits aux patients alcooliques, sans obligation légale de dose limite, a expliqué le tribunal dans un communiqué. Le tribunal a justifié sa décision par le risque de « rupture de traitement » que la limitation des doses autorisées avec le Baclocur faisait courir aux patients qui prenaient auparavant des quantités plus importantes de baclofène.
« Un sursis à arrêt des soins leur est accordé », a de son côté réagi Baclohelp, en jugeant toutefois « bien imprudent de se réjouir » puisque « cette suspension est une étape technique préalable » avant la décision sur le fond.
Cette suspension est une nouvelle étape dans la longue controverse entre les partisans du baclofène et les autorités sanitaires, qui mettent en garde contre ses risques.
Vers le traitement de l’alcoolisme
Cet usage alternatif a explosé en 2008 avec la parution du livre Le dernier verre du cardiologue Olivier Ameisen. Depuis 2014, le baclofène était autorisé dans le traitement de l’alcoolisme grâce à une recommandation temporaire d’utilisation (RTU). Puis en octobre 2018, l’agence du médicament (ANSM) avait accordé au Baclocur (laboratoire Etypharm) une autorisation de mise sur le marché (AMM) faisant de lui le seul médicament à base de baclofène autorisé contre l’alcoolisme.
Cette décision était entrée en vigueur lundi avec le début de la commercialisation du Baclocur. Mais l’ANSM avait posé des conditions : une dose maximale de 80 mg/jour et une prescription uniquement après échec des autres traitements. Cela avait conduit Baclohelp à déposer un recours en justice, après plusieurs autres démarches similaires, notamment devant le Conseil d’Etat. Dans sa décision, le tribunal administratif pointe par ailleurs les « insuffisances du dossier présenté par le laboratoire », qui font « naître un doute sérieux quant à la légalité » de l’autorisation de mise sur le marché dont il a bénéficié.