En 1978, des empreintes de pas découvertes sur le site de Laetoli dans le nord de la Tanzanie par la paléontologue Mary Leaky et son équipe apportent la première preuve indiscutable de bipédie chez les hominidés il y a presque 3,7 millions d’années. Ces empreintes auraient été réalisées par Australopithecus afarensis, la même espèce que la célèbre « Lucy ». Or, d’autres séries de traces découvertes deux ans plus tôt sur un site voisin n’ont pas pu être clairement identifiées. Appartiennent-elles à un jeune ours marchant sur ses pattes arrière comme le suggèrent certains paléoanthropologues ? Ou à un autre type d’hominidé. Jusqu’à présent, le doute subsistait. En juin 2019, une équipe internationale décide de se pencher à nouveau sur ces intrigantes traces de pas. Les cinq empreintes bipèdes sont mesurées photographiées et scannées en 3D puis comparées à celles d’ours, de chimpanzés et d’humains. Conclusion : il ne peut s’agir de pattes d’ours. En effet, des analyses de vidéos de jeunes ours semi-sauvages révèlent qu’en réalité l’animal ne marche presque jamais sur ses pattes arrière. Et que leur démarche est très différente de celle induite par les empreintes étudiées. En fait, ces traces appartiendraient à un hominidé inconnu à ce jour. En tout cas, pas à Australopithecus afarensis, qui, lui, a laissé des empreintes distinctes et différentes sur deux autres sites de Laetoli. Cet individu avait les pieds plutôt carrés avec un gros orteil proéminent. D’une démarche roulante, dite en pas croisés, inhabituelle chez les humains – chaque pied traverse la ligne médiane du corps pour toucher le sol devant l’autre pied – il faisait des pas courts comme cela se produit lorsque les humains marchent lentement sur un substrat glissant. Cette découverte alimente dorénavant un corpus de plus en plus riche de preuves suggérant une diversité jusqu’alors, sous-estimée, des hominidés de cette période.
Réalisation :
Véronique Marsollier , Delphine Bonnart
Production :
Universcience
Année de production :
2021
Accessibilité :
sous-titres français