Star des laboratoires, le rat-taupe nu fascine les biologistes. D’une longévité exceptionnelle, il résiste au manque d’oxygène durant plusieurs minutes et n’est jamais atteint de cancer.
La liste de ses exploits vient encore de s’allonger. Une équipe internationale a en effet étudié la résistance à la douleur de plusieurs espèces apparentées aux rats-taupes nus. Pour cela, les chercheurs ont injecté dans la patte de plusieurs spécimens des solutions avec trois substances pouvant provoquer des sensations de brûlure : de l’acide chlorhydrique dilué, de la capsaïcine présente dans le piment et de l’isothiocyanate d'allyle, responsable du goût piquant du wasabi et aussi appelée « essence de moutarde ».
Résultat : trois espèces de rats-taupes se sont révélées insensibles à l’acide et deux à la capsaïcine. Une seule, le rat-taupe africain, est insensible à l’essence de moutarde. C’est d’ailleurs la seule espèce à pouvoir cohabiter avec une fourmi aussi agressive que venimeuse, Myrmicaria natalensis !
Pour en savoir davantage, les chercheurs ont ensuite étudié quelque 7000 gènes présents dans la moelle épinière des neuf espèces étudiées. Ils ont ainsi pu identifier l’altération de plusieurs gènes impliqués dans la perception de la douleur.
Pour être sûrs d’avoir identifié les « bons » gènes, ils ont ensuite procédé à la correction d’une altération génétique chez le rat-taupe africain, le champion de la résistance à la douleur. Ils ont alors constaté que « l’essence de moutarde » redevenait irritante pour lui.
L’équipe espère ainsi que ses recherches permettront le développement de nouveaux médicaments analgésiques