Bonjour, je vais vous faire découvrir tous ces animaux disparus qui ont foulé notre terre ou peuplé nos océans, ainsi que les scientifiques qui les ont retrouvés et essaient de savoir à quoi ils ressemblaient et pourquoi ils ont disparus. Les galeries du Museum d’Histoire Naturelle de Paris renferment le squelette d’un animal étonnant : le Mégatherium, un paresseux géant. Les paresseux n’ont pas toujours ces petits animaux qui vivent au sommet des arbres. Certains de leurs ancêtres vivaient au sol, à l’image du Mégathérium. Sa taille n’avait rien à envier à celle des éléphants actuels. Le paléontologue François Pujos est un spécialiste de ces créatures disparues. Les paresseux géants sont apparus en Amérique du Sud il y a 25 millions d’années environ. Ils s’y sont développés justement parce que c‘était un continent isolé, parce qu’il y avait peu de prédateurs. Dès lors ils ont colonisé tous les environnements, des montagnes jusqu'aux grandes plaines du Sud, également les régions côtières avec une très grande diversité, de nombreuses espèces. Ce sont vraiment des animaux opportunistes qui même lors de la formation de l’isthme de Panama ont conquis toute l’Amérique du Nord même jusqu’à l’Alaska. François aimerait savoir si les paresseux géants étaient aussi lents que les paresseux actuels. Avec son collègue Guillaume Billet, François décide de scanner un crâne de paresseux géant pour étudier l’oreille interne, ce petit organe de l’équilibre situé à l’arrière du crâne dont l’anatomie fournit de précieuses informations sur les animaux. L’oreille interne des paresseux géants était comparable à celle des éléphants, un indice qui suggère que les paresseux géants étaient beaucoup plus rapides que leurs cousins vivants aujourd’hui dans les arbres. Pour autant, vivaient-ils seuls ou en groupe ? Les plages de Pehuen Co en Argentine, conservent encore aujourd’hui le souvenir du passage de ces animaux et fournissent aux paléontologues des indices pour comprendre leur organisation sociale. Sous une épaisse couche de sable, plusieurs empreintes minéralisées nous révèlent qu’un groupe de paresseux est passé exactement à cet endroit. Là, c’est un pied gauche, on s’en rend compte avec l’ombre. En effet. Ceci est un autre pied gauche. Et on voit aussi que ce bourrelet va vers l’intérieur et donc cet animal… A fait comme ça. …sa patte tordue a dû pousser le sédiment qui était toujours frais vers l’intérieur. Et l’autre aussi a appuyé sa patte avant. Ça indique que celui-ci était légèrement devant l’autre. Celui-là le suivait, ils marchaient ensemble et ici ils marchaient clairement sur leurs quatre pattes. Pour un spécialiste de paresseux géants c'est quand même extraordinaire après avoir travaillé pendant 15 ans sur des squelettes de voir des empreintes, des pistes de ces animaux disparus et d'imaginer maintenant que des Mégatheriums étaient en train de marcher. La dernière ballade du Mégatherium. Toutes ces traces apportent la preuve indiscutable que les paresseux avaient trouvé le moyen de se protéger des félins de l’époque, qui n’ont pu les exterminer. Les paresseux géants étaient des animaux qui vivaient en groupe, un peu comme les éléphants à l'heure actuelle en Afrique. Vous verrez très rarement des lions attaquer des troupeaux d'éléphants parce que tout simplement, ils ont plus à perdre qu'à gagner. C'était probablement la même chose en Amérique du Sud avec les tigres à dents de sabres qui attaquaient probablement des petits mammifères, également des gros mammifères, ils pouvaient très bien manger un paresseux géant mais plutôt isolé. En fait, on peut dire que les paresseux actuels, c’est un véritable succès évolutif en comparaison avec les paresseux géants terrestres. Leur mode de vie économe en énergie leur a probablement permis de survivre jusqu’à aujourd’hui alors que tous les autres paresseux géants terrestres se sont éteints. Plus rapides, moins économes, les paresseux géants avaient besoin de beaucoup de nourriture pour faire fonctionner leur corps énorme. Aussi, leur grande taille a clairement joué en leur défaveur lorsque des changements rapides du climat ont diminué la quantité de plantes disponible, nécessaire à leur survie. Les derniers paresseux géants ont disparu, il y a tout juste 10.000 ans.
Réalisation :
Eric Ellena , Paul-Aurélien Combre
Production :
French Connection Films, France Télévisions, Les Productions Megafun, CNRS Images, en association avec Universcience
Année de production :
2018
Durée :
4min47
Accessibilité :
sous-titres français