Le bilan concernant ces traitements est très positif puisque beaucoup de ces médicaments sont arrivés sur le marché après la réalisation d'essais cliniques. Mais ces essais cliniques montrent que ces médicaments permettent d'obtenir une réponse virologique, une éradication du virus dans le sang chez plus de 90 % des sujets traités quand les traitements précédents n'obtenaient que 50 à 40 %. Aucune de ces études n'avait montré que ces traitements étaient associés à une diminution des complications de la maladie hépatique qui s'observent plus de 20 à 30 ans après l'infection, comme la survenue d'une cirrhose ou d'une fibrose avancée, la survenue de décompensation hépatique ou d'un cancer du foie. Finalement, notre étude a été pionnière, elle a rassemblé des données observationnelles recueillies sur plus de 20 000 malades, grâce à 32 services cliniques qui participaient au recueil de ces données dans toute la France. Chez des sujets qui ont été suivis plus de 5 ans, l'étude a montré que ces traitements permettaient potentiellement d'épargner ou de diminuer le risque de survenue de cancer du foie et de mortalité associée à la maladie hépatique. C'est une première mondiale. Les populations exposées à des risques de contamination par voie sanguine, puisque ce virus s'attrape exclusivement par voie sanguine. Il faut donc un contact avec du sang contaminé pour être infecté. Par exemple, les populations comme les usagers de drogues sont des candidats potentiels au dépistage pour une indication thérapeutique ultérieure. Je n'ai pas les chiffres exacts en tête, mais entre 50 et 70 000 personnes qui ont été traitées depuis 2014. 10 000 personnes par an au début avec une montée en charge croissante. Aujourd'hui, 130 000 personnes resteraient infectées, dont environ la moitié sont des personnes qui se savent infectées qui vont rentrer dans le système de prise en charge avec accès aux traitements. Mais encore environ 60 à 70 000 personnes ont été contaminées par le virus et ne le savent pas. On doit les dépister pour leur proposer le traitement qui permettra l'éradication virale. Le coût actuel d'un traitement qui dure entre 8 et 12 semaines, c'est 28 000 euros par patient. C'était 40 000 euros à l'arrivée de ces produits, qui étaient réservés aux cas les plus sévères. N'oublions pas que les anciens traitements qui n'avaient que 40 à 50 % d'efficacité coûtaient aussi très cher. Ce qui n'était pas compris dans le coût mais avait un poids important, c'était le coût des effets indésirables de ces anciens médicaments. Finalement, 28 000 euros pour une cure complète avec une guérison virologique des patients, on peut considérer que c'est très cher pour la société, mais proportionnellement, c'est mieux que les anciens traitements. Aujourd'hui, le traitement se généralise. Il est accessible à tout patient qui se sait infecté. La situation est hétérogène d'un pays à l'autre. La France fait partie des pays européens les plus dynamiques sur la prise en charge des patients atteints d'hépatite C. Il y a d'autres exemples en Europe, mais il y a une forte hétérogénéité, y compris dans certains pays de l'Union européenne. L'accès à ces traitements n'est pas assuré de façon claire. Au total, on estime que la situation est encore plus différente dans le reste du monde puisqu'on estime qu'environ 10 % de l'ensemble des patients justifiant d'un tel traitement ont été traités à ce jour. 90 % resteraient donc à traiter et n'a pas accès au traitement. Il se pose un vrai problème d'accès au traitement dans d'autres pays du monde. Certains pays montrent que c'est possible malgré le coût important de ces traitements. Ils ont négocié le coût avec les firmes pour avoir des prix plus bas qu'en France. L'Égypte est l'exemple le plus emblématique. Ce pays compte environ 100 millions d'habitants et 10 % de la population ont été infectés entre 1980 et 2000 par des pratiques de traitements antiparasitaires. L'Égypte envisage d'éradiquer complètement l'infection d'ici 2023 et a mis en place une campagne de dépistage très importante. Ils arrivent en effet à dépister jusqu'à 2 000 personnes par jour pour éradiquer le virus en proposant un traitement à moindre prix que celui pratiqué en Europe. L'OMS a affiché il y a peu de temps un objectif d'éradication de l'hépatite C à l'horizon 2030 sur l'ensemble du monde. Maintenant, on sait que pour atteindre cet objectif, il faut agir à trois niveaux. Le premier, c'est bien sûr de permettre l'accès au traitement aux populations concernées. Pour faciliter cet accès, il faut baisser les prix des médicaments dans certains pays. Le deuxième objectif est de savoir qui on va traiter et d'identifier les personnes à traiter grâce à un dépistage important. Cela représente des objectifs ciblés. Au moins 80 % de la population infectée doivent être dépistés afin d'avoir accès au traitement pour pouvoir atteindre cet objectif d'éradication en 2030. Et on sait qu'il y a des populations plus à risque d'infection, et de transmission d'infection. Les usagers de drogues par voie intraveineuse sont concernés. Notre action doit être plus forte sur ces populations : à la fois sur le plan du dépistage et sur le plan de la prise en charge du traitement et de l'accompagnement pour éviter la réinfection qui pourrait survenir après. Il faut donc avoir une action forte auprès de ces populations au moins sur plus de 40 % d'entre elles pour que cet objectif d'éradication à l'horizon 2030 soit atteignable.
Réalisation :
Caroline Ando
Production :
Universcience
Année de production :
2019
Durée :
7min32
Accessibilité :
sous-titres français