Au large des côtes de l’Antarctique, à 3 km de profondeur, l’épave de l’Endurance a été retrouvée le 5 mars dernier… 107 ans après son naufrage !
Cet exploit a été réalisé par la mission Endurance22, qui a ainsi pu livrer les premières images du navire d’Ernest Shackleton, le célèbre explorateur britannique.
Étonnamment, le bateau est en très bon état de conservation ; le gouvernail est intact ; et même le nom, sur la poupe, reste lisible. Une nouvelle aventure attend désormais l’Endurance…
Décidé à être le premier à traverser l’Antarctique à pied, Shackleton embarque en décembre 1914, à bord de l’Endurance.
Hélas, rien ne se passe comme prévu. Le navire reste bloqué dans les glaces, et dérive durant 10 mois jusqu’à ce que l’équipage débarque sur la banquise, en octobre 1915. Brisé par les glaces, l’Endurance sombre en mer de Weddell, le 21 novembre. Les coordonnées exactes du naufrage sont consignées par le capitaine.
Plus d’un an et demi après le début de l’expédition, tous les membres de l’équipage sont sauvés. Le navire, quant à lui, gît toujours au fond de l’Antarctique !
Plusieurs tentatives ont été entreprises pour retrouver le vaisseau. En vain.
Mais en 2013, une étude scientifique laisse penser que l’Endurance est sans doute dans un bon état de conservation. En effet, les courants encerclant l’Antarctique empêchent les tarets, sortes de vers qui s’attaquent aux bois immergés, de s’approcher du continent blanc. Et donc de ronger le navire de Shackleton.
Le 5 février dernier, l’expédition Endurance22, qui réunit une centaine de marins et scientifiques, part à la recherche de l’épave.
Son atout ? Un brise-glace sud-africain capable de fendre une glace d’un mètre d’épaisseur.
Grâce à des robots, l’expédition retrouve finalement l’épave à 3000 m de profondeur, à seulement 6 kilomètres du site répertorié en 1915.
L’épave ne sera jamais remontée à la surface. Ayant sombré au sud du 60e parallèle, elle relève du Traité sur l’Antarctique qui protège les sites d’intérêt historique.
Le navire Endurance est donc classé « monument historique de l’Antarctique ». Il ne peut être ni déplacé ni touché.
Les submersibles ne se sont donc pas aventurés dans les entrailles de l’épave. Ils l’ont en revanche cartographié sous toutes ses coutures. Et une reconstruction fidèle en relief en sera faite, grâce à la photogrammétrie, une technique utilisée en archéologie et en géologie.
C’est la reproduction 3D de l’épave et de ce qu’elle contient qui sera exposée au public et à la communauté scientifique. Le navire de Shackleton restera quant à lui immergé durant 107 ans encore et bien davantage.