Avez-vous remarqué que sur une bulle de savon dans une maison, les magnifiques couleurs n’étaient visibles qu’à l’endroit où une fenêtre se reflète ? En effet, un fort contraste est nécessaire pour bien voir les interférences lumineuses qui sont à l’origine de ce phénomène.
Je vais donc photographier uniquement le reflet qui se formera sur le film de savon qui, grâce à ce cadre incliné serra bien plan. La lumière va donc rebondir, telle une boule de billard, directement dans l’appareil photo. Et comme le film de savon est transparent, je vais placer ce morceau de velours noir en arrière-plan pour augmenter le contraste de l’image.
Ensuite, parlons profondeur de champ : c’est la zone où l’image est nette. Floue, nette, floue. Cette zone s’étend de moins d’un millimètre en macrophotographie à plusieurs mètres dans le cas d'un paysage capté avec un objectif grand-angle.
Avec un objectif classique, la zone de mise au point est perpendiculaire à l’axe optique. Alors qu’avec un objectif à bascule, en le pliant, le plan de netteté s’incline. Nous aurons donc le film de savon intégralement net.
Cette solution à base d’eau et de liquide vaisselle contient un peu de sucre ce qui permet d’augmenter la durée du film savonneux. Plus le temps passe, et plus le film de savon s’affine. Il apparaît alors des franges colorées dites de Newton. En l’absence d’additif, d’air humide et d’apport de liquide, ce spectacle ne dure hélas que quelques secondes.
Remarquez que les plus belles couleurs sont issues d’un brassage incessant. Au fur et à mesure du temps, elles descendront en perdant leur saturation, comme s’enfonçant dans le passé. Ces couleurs ne doivent pas nous faire oublier que l’horizon futur est bien sombre car cette mince construction est bien condamnée à l’avance par faute de ressources infinies.
Et alors ?
C’est comme si le progrès était un leurre… Un présent flamboyant, mais qui rend ringard les générations passées, un cycle implacable mais qui augure d’un avenir bien sombre. Malgré notre capacité à calculer des milliards d’informations à la seconde, à voyager dans l’espace, la technologie, fille de la science, a-t-elle su inventer un instrument de musique qui nous émeut plus qu’un piano ou un violon ? De nombreuses fausses voies nous écartent du bonheur, avec en tête le consumérisme.
Et vous, qu’imaginez-vous ?