"Le programme Artemis dans son ensemble, c’est un programme de déplacement et de capacité des êtres humains vers l’espace lointain qui va passer par une occupation durable de la Lune, dans l’idée principalement d’ici une dizaine d’années ou deux dizaines d’années d'un déplacement jusqu’à Mars." Avec le programme Artemis, les États-Unis ont comme première ambition de retourner sur la Lune, cinquante ans après les missions Apollo. Baptisé Artemis I, le premier vol sans équipage est destiné à tester les engins de cette nouvelle épopée. Le lanceur, d’abord, baptisé SLS pour Space Launch System. C’est le plus puissant jamais construit. Équipé de 4 moteurs et de deux boosters capables d’arracher les 2600 tonnes de la fusée à la gravité terrestre, le SLS répond à des normes de sécurité bien plus drastiques que celles en vigueur au 20e siècle, lors du programme Apollo. Haut de près de 100 mètres, SLS est coiffé d’un nouveau vaisseau spatial, Orion, qui accueillera les astronautes durant les vols habités. Lors de ce premier vol, les sièges sont occupés par des mannequins bardés de capteurs afin de mesurer entre autres les doses de radiations solaires. Si la partie habitable d’Orion a été conçue par la Nasa, le module de service, chargé de sa propulsion est une conception de l’Agence spatiale européenne. Une heure et demie après le décollage de Cap Canaveral, en Floride, et la séparation du lanceur, Orion entreprendra un voyage aller-retour d’environ 40 jours. La capsule doit réaliser deux orbites complètes autour de la Lune : un premier survol à basse altitude de la face cachée puis une orbite à plus de 70 000 km de la surface lunaire. Un des grands défis de cette mission sera la rentrée d’Orion dans l’atmosphère terrestre à 40 000 kilomètres/heure, puis son amerrissage dans le Pacifique. Lors de ce vol inaugural, une dizaine de nanosatellites sera aussi larguée, les uns pour étudier la surface lunaire, les autres pour mener des expériences scientifiques dans l’espace. Contrairement à la capsule Apollo, qui était équipée du module de descente sur la Lune, Orion n’assurera que le transport aller-retour vers l’orbite lunaire. La Nasa a confié la fabrication de l’atterrisseur chargé de faire alunir les astronautes à des sociétés privées. "Les échéances du programme Artémis : à très court terme, le lancement de la mission Artemis I la semaine prochaine. Derrière, la mission Artemis II, à peu près un an plus tard avec cette fois un équipage à bord pour à peu près la même mission, pour aller tourner de la Lune et vérifier que les personnels à bord peuvent bien s’habituer au vaisseau Orion, à toutes ses capacités et à toutes ses disponibilités. A l’horizon fin 2025 voire début 2026, une première mission à la surface de la Lune avec un équipage de deux personnes et potentiellement une femme dans cet équipage." Contrairement aux missions Apollo, l’ambition américaine n’est pas seulement de fouler le sol lunaire mais bien de réussir à s’y implanter dans la durée. Les États-Unis et leurs alliés européens, japonais et canadiens, ont donc besoin d’une infrastructure permanente afin d’enchaîner les missions sur un mode pour ainsi dire routinier. C’est sur cette station que viendront s’arrimer les vaisseaux Orion transportant les astronautes depuis la Terre. "Le programme Artemis comprendra également la réalisation du Gateway qui est donc la petite station lunaire, dans lequel l'Europe participe de manière importante en fournissant à peu près la moitié des composantes de cette petite station. Petite station qui sera sur une orbite particulière toujours visible depuis la Terre. Elle permettra également aux astronautes et à une partie des équipages de rester en attente dans des volumes plus importants lorsque les astronautes se rendront sur la surface. Ça sera potentiellement aussi un refuge en cas de difficulté et ça sera aussi potentiellement quelque chose qui permettra ensuite un poste avancé dans lequel on permettra peut-être la fabrication d’un vaisseau plus important pour les déplacements vers Mars. Entre-temps des étapes intermédiaires avec des petites missions robotiques qui vont permettre une meilleure connaissance de la surface lunaire, préparer l’occupation du camp, ces activités-là, et puis améliorer la connaissance que l’on a parce que finalement on est allé que six fois aujourd’hui en surface lunaire et uniquement sur une partie en visibilité permanente dans les mers, finalement une zone assez restreinte de la surface lunaire. Notamment la face cachée : aujourd’hui uniquement une seule mission robotique chinoise est allée de ce côté-là." La région du pôle sud lunaire concentre, elle aussi, beaucoup d’attention, car le lieu semble idéal pour y implanter une base permanente : l'eau piégée dans les cratères perpétuellement à l'ombre permettrait de produire l'oxygène, l'ergol des fusées et l'eau consommée par les équipages tandis que les sommets des montagnes alentours bénéficient d'un éclairage permanent, susceptible de fournir l'énergie nécessaire aux activités humaines. Mais à plus long terme, l’objectif est encore plus lointain. "Mars, c’est l’étape d’après. Probablement encore quelques dizaines d’années avant un voyage vers Mars. Les plus optimistes parlent d’une dizaine d’années mais ce serait vraiment très optimiste… Il y a beaucoup de challenges technologiques qui semblent abordables mais qu’il faut encore résoudre, que ce soit pour être capable de rester sur la durée du voyage, que ce soit le comportement humain mais que ce soit aussi technologiquement nos capacités à atterrir suffisamment de masse, de quantités à la surface de Mars, à gérer les ressources, à être capable d’exploiter les ressources en surface de Mars pour se servir des combustibles pour revenir vers la surface terrestre… un beau challenge devant nous.