C'est une maladie inflammatoire du système nerveux central qui atteint la gaine de myéline, enveloppe qui entoure les axones qui sont les prolongements des neurones. La maladie est responsable de lésions qui sont disséminées dans le système nerveux central, constitué du cerveau, de la moelle épinière et du tronc cérébral. C'est une maladie fréquente dans la population jeune. C'est la première cause de handicaps non-traumatiques du jeune adulte. Cette maladie touche surtout les femmes, 3 femmes atteintes pour 1 homme. L'étude récente est une confirmation de données. Ce ne sont pas des données nouvelles. Elles nous informent sur le lien possible entre l'infection par un virus qu'on appelle le virus EBV, pour Epstein-Barr Virus, virus de la mononucléose infectieuse. En France, mais aussi dans le monde, 90 à 95 % des adultes sont positifs à l'EBV. Mais on dit depuis longtemps que les malades de la sclérose en plaques sont encore plus fréquemment positifs au virus d'Epstein-Barr. Ils ont contracté la maladie. L'intérêt de cette étude, c'est qu'elle a analysé une très grande population d'individus qui sont des militaires américains. Elle les a analysés entre 1993 et 2013. Donc, ils ont regardé chez ces millions de militaires américains qui avaient été suivis pendant 20 ans, si certains avaient développé une sclérose en plaques. Et si c'était le cas, est-ce qu'ils étaient séropositifs à ce fameux virus EBV ? Ils ont mis en évidence qu'il y avait environ 800 militaires qui au cours de ces 20 ans avaient développé une sclérose en plaques et que tous sauf un avaient été positifs à l'EBV. C'était le premier élément, mais encore une fois, avec 95 % des militaires qui avaient développé l'EBV sans développer la sclérose en plaques. Ces résultats confirment à grande échelle. Et le plus original de l'étude, c'est qu'ils se sont intéressés aux militaires qui au début de l'étude n'avaient jamais été en contact avec l'EBV. Ils étaient séronégatifs pour l'EBV. C'était un plus petit groupe, car dans la population, peu d'adultes sont séronégatifs pour l'EBV. Ils ont regardé leur évolution et au sein de ce groupe, 35 personnes qui étaient négatives pour l'EBV avaient développé la sclérose en plaques au cours des 20 ans de suivi. Et parmi ces 35, tous sauf un, c'est la médecine, c'est jamais 100 %. Tous sauf un étaient infectés par le virus EBV. Comme il y a eu plusieurs prélèvements, il a été mis en évidence que le début de la sclérose en plaques avait suivi l'infection par l'EBV. Parmi ceux qui étaient aussi négatifs au début de l'étude, sans avoir développé la sclérose en plaques, seulement 50 % étaient positifs à l'EBV. Sur cette petite population, le résultat était vraiment différent. En termes de facteur de risque, c'est un facteur de risque de 32. Jusqu'alors, on disait que l'EBV augmente 20 fois le risque de développer la maladie. Maintenant, on dit que l'EBV augmente ce risque 32 fois. Ce sont des résultats intéressants. Mais c'est important de se dire que cette condition est nécessaire, c'est un facteur de risque mais pas une condition suffisante. C'est pas parce qu'on a l'EBV qu'on va avoir la sclérose en plaques. Sinon, 95 % de la population adulte aurait la sclérose en plaques. L'infection par l'EBV est un facteur de risque de développement de la sclérose en plaques, c'est un des facteurs de risque. Il y en a d'autres : les facteurs génétiques ou environnementaux. Ces facteurs s'accumulent et conduisent au développement de la maladie. Un vaccin est en cours de développement par le laboratoire Moderna. Si une large partie de la population mondiale est vaccinée contre l'EBV, ce sera dans longtemps peut-être une façon de voir l'impact de la suppression de cette infection sur le développement de la maladie. Si on voit disparaître de façon importante la sclérose en plaques, ce sera important, mais on en est pas là. Mais des traitements qui ciblent l'EBV une fois qu'il est dans le corps, il n'y en a pas. Indépendamment de ces résultats importants pour notre compréhension du mécanisme de déclenchement de la maladie, la sclérose en plaques, maladie fréquente chez les jeunes adultes, a fait l'objet de progrès thérapeutiques au cours de ces 15-20 dernières années avec le développement de médicaments qui modifient l'immunité, on les appelle des immunosuppresseurs. Ils diminuent très fortement la fréquence des poussées de la maladie. Ainsi, la prise en charge thérapeutique de la forme la plus fréquente de la maladie, s'est améliorée ces dernières années.
Réalisation :
Véronique Marsollier , Alexis Lardilleux
Production :
Universcience
Année de production :
2022
Durée :
6min17
Accessibilité :
sous-titres français