À la ville, il est ingénieur. Il étudie et améliore des diodes laser à semi-conducteurs, de microscopiques composants capables de détecter et d’identifier n’importe quel gaz dans l’air, même en proportion infinitésimale.
A la scène, il est photographe, avec passion. Il aime saisir l’instant, la vie telle qu’elle est, sans jamais recadrer ni retoucher, sans tricher.
L’instantané est son éthique.
Ce jour-là, un jour comme les autres, il a placé dans l’ultravide du microscope électronique un minuscule miroir de Bragg en cours de fabrication.
Il a contrôlé l’épaisseur des couches nanométriques,
vérifié la régularité de la courbure du miroir, sa géométrie, sa gravure.
Mais il a aussi vu les débris, la poussière sur le toit en résine photosensible,
Il a découvert, perdue dans la profondeur de champ, la volée de marches du grand escalier d’un palais abandonné,
il a pressenti un monde déserté de ses étranges habitants,
dans une dimension inconnue, vertigineuse.
Ses collègues lui ont dit : - « Mais enfin, nettoie ça ! ».
Mais lui, sans recadrer, sans rien toucher, a appuyé sur le déclencheur.
Coupe d’un « miroir de Bragg » - Microscopie électronique à balayage
Pierre GRECH – Institut d’Electronique du Sud - IES Montpellier (CNRS /Université Montpellier 2)
Didier COT - Institut Européen des Membranes - IEM Montpellier (ENSCM/CNRS/Université Montpellier 2)