Bruno Falissard Pédopsychiatre
-Nous nous interrogeons tous sur la normalité : "Suis-je normal ?
Les autres me disent que je suis un peu bizarre, alors...
Si ça se trouve, je ne suis pas comme les autres." Les êtres humains ont une tendance à vouloir faire partie du groupe et à vouloir être comme les autres.
On peut se demander scientifiquement, factuellement, existe-t-il une norme ?
Pour le psychiatre, non, clairement.
Pour le psychiatre, il existe des gens qui souffrent et dont on s'occupe.
Ce n'est pas du politiquement correct.
On ne se demande jamais si c'est normal ou pas.
D'ailleurs, on nous dit souvent : "Mais Untel, il est complètement fou, il n'est pas normal." Ce n'est pas notre problème.
Mais s'il ne se plaint pas...
Parfois, certains sont incapables de se plaindre tellement ils vont mal mais ça, ça saute aux yeux.
Donc la question de la normalité, contrairement à ce qu'on croit, ne se pose pas. Elle se pose chez les statisticiens.
On peut faire des statistiques de la population.
On peut mesurer le niveau intellectuel et dire : "À peu près 66 % de la population, les deux tiers, ont entre 85 et 115 points de QI." Si vous avez 130, vous n'êtes pas normal.
Si vous avez 60, vous n'êtes pas normal, car statistiquement différent.
Le point de vue statistique n'a rien à voir avec la normalité, dans le sens où on est différent, donc les autres vont nous rejeter et nous mettre à l'écart de la société.
Il faut comprendre qu'il existe des normes, mais elles sont mathématiques, comptables, et n'ont rien à voir avec notre place dans la société.
En particulier, dans le fonctionnement psychique, c'est très important car ça ouvre à accepter la différence.
Nous ne sommes pas tous pareils et nous avons parfois intérêt à accepter en notre sein des gens qui sont différents.