Corinne Fortier
Anthropologue
-La question de la différence entre sexe et genre est fondamentale.
La question du sexe relève de ce qui est de l'ordre de l'anatomie, du biologique, du physiologique, et la question du genre relève de ce qui est de l'ordre du social, du culturel, donc de la formation d'une identité construite et qui est définie selon chaque société.
La différence des sexes est un fait constatable, un fait biologique.
D'une part, on sait bien que les garçons et les filles sont distincts par leurs chromosomes, mais aussi par leurs hormones au moment de la puberté.
Il y a aussi une différence anatomique à la naissance, qui est le fait d'avoir un pénis ou d'avoir une vulve, un vagin et un utérus pour une femme.
Toutes les caractéristiques secondaires qui vont naître suite à la puberté, qui sont justement la pilosité, les seins, tout ce qui va distinguer anatomiquement un corps d'homme d'un corps de femme.
Il y a donc une différence sexuelle qui est de l'ordre de la nature, de l'anatomie, du biologique.
Mais chaque société ne se suffit pas de cette différence sexuelle, c'est-à-dire qu'à cette différence on va ajouter de la culture, une construction sociale, des valeurs différentes et distinctes selon qu'on soit garçon ou fille.
On va donc éduquer de manière différente un garçon ou une fille.
Or ces valeurs ne viennent pas des chromosomes, ne sont pas génétiques et ne viennent pas des hormones.
Ça ne vient pas de la question du sexe mais de l'éducation, de la société, des représentations culturelles, de ce qu'on attend d'un homme ou d'une femme dans une société, en particulier pour assurer la reproduction de cette société.
Toutes ces valeurs sont associées à la différence des sexes, mais elles sont construites.
Dans chaque société, elles sont incorporées par les individus et constituent la définition qu'ils ont d'eux-mêmes en tant que femme et homme.
Elles ne sont pas du tout absolues, innées, et n'ont rien à voir avec la nature, mais viennent de la culture.