Elle est insatisfaite.
Pourtant l’image est jolie. Incontestablement.
On discerne parfaitement, excités par les rayons lasers, les microtubules verts fluorescents et, en rouge, révélés par le iodure de propidium, les chromosomes.
Et puis la capture au microscope confocal des quatre-vingts coupes optiques de l’ovule reconstitue au mieux, en une seule image tridimensionnelle, la cellule entière.
L’image lui permet donc de voir, et de comprendre, comment l’ovocyte s’est divisé prématurément, en l’absence de toute fécondation.
C’est d’ailleurs une de ses publications scientifiques les plus largement citées que son image a illustré, et elle a été largement diffusée par ailleurs.
Alors, évidemment, elle est fière de sa découverte, dont les résultats perdurent.
Elle est vraiment jolie, cette image.
Oui mais…
Mais non, plus la biologiste expérimentée y pense, plus elle la trouve imparfaite, décevante.
Déjà datée.
Inachevée.
Cette image ne marque qu’une étape dans l’art de faire une vraie, une belle image de science.
Car en vérité, elle le sait : la meilleure image qu’elle ait jamais réalisée, c’est la prochaine.
Ovocyte, organisation des microtubules et de la chromatine – Microscopie confocale à balayage laser
Marie-Hélène VERLHAC – Institut Jacques Monod – IJM Paris (Université Denis Diderot/CNRS)