Jean-Paul Moatti
Économiste de la santé Université Aix-Marseille
-Dans la mesure où les inégalités sociales de santé viennent, pour partie, de problèmes d'accès aux soins, mais surtout pour un déficit de prévention et de dépistage, le chantier prioritaire, c'est d'améliorer la prévention, et notamment la prévention primaire, c'est-à-dire en amont de la maladie, faire que les gens puissent mieux éviter la maladie, mieux y résister.
En même temps, cela implique que les efforts de prévention, les efforts d'éducation pour la santé ne soient pas trop normatifs et tiennent compte des raisons qui font que certaines populations, plus que d'autres, fument, boivent, ont des réticences à participer à telle ou telle activité de dépistage, même gratuite.
Il faut travailler avec la population et éviter d'avoir un discours trop normatif qui ne comprend pas que les personnes les plus vulnérables peuvent avoir de bonnes raisons de continuer à fumer, malgré tous les messages qu'on leur bombarde.
Donc, chantier prioritaire : une prévention adaptée, avec plus d'efforts adaptés pour les catégories les plus pauvres, les catégories vulnérables.
Et intégrer cette prévention pas simplement dans la politique de santé, mais dans l'ensemble des politiques mises en oœuvre par la puissance publique et aussi par la société.
Par exemple, la pollution environnementale frappe plus lourdement dans les zones qui sont souvent occupées par les catégories les plus populaires.
Donc il faut intégrer la dimension santé à la politique environnementale.
Les familles monoparentales souffrent souvent le plus, avec des conséquences graves pour la santé : problèmes psychologiques pour la mère, les enfants, problèmes de morbidité plus importante.
Là encore, il faut intégrer la prévention sanitaire à d'autres domaines, pour s'adresser en priorité à ceux qui sont les plus touchés.