Emprisonnés dans la gouttelette d’ambre translucide, il y avait (il a trouvé) de minuscules algues marines, des spores de champignons, des poils de mammifères, des membres déchiquetés d’insectes archaïques, des débris végétaux, des petits morceaux de bois minuscule : une multitude d’organismes aquatiques et terrestres qui peuplaient une forêt côtière, pendant l’ère secondaire.
Et aussi, noyés au sein de cet univers, sept plumes primitives de dinosaures d’un millimètre de longueur chacune. Ou plutôt le stade intermédiaire, le chaînon manquant entre la structure filamenteuse, qui protège le corps de l’animal contre la pluie et l’insolation, et la plume, qui lui permet le vol.
Afin de montrer l’extrême difficulté d’extraire et d’analyser ces plumes fossiles, le spécialiste des images de fossiles a fabriqué une image, conçue avec l’un des outils les plus sophistiqués de l’imagerie scientifique, la microtomographie RX synchrotron.
Une image d’avant-garde, donc, mais aussi, parce qu’il l’a fabriquée, retouchée, colorisée selon son goût, la traduction brutale, abstraite, et subjective de son propre regard sur le monde englouti dans la gouttelette de résine d’arbre fossilisée, il y a cent millions d’années.
Plumes primitives d’oiseaux archaïques ou de dinosaures aviens – Microtomographie RX synchrotron
Paul TAFFOREAU – European Synchrotron Radiation Facility - ESRF Grenoble
Vincent PERRICHOT – Didier NERAUDEAU – Géosciences Rennes (Université Rennes 1/CNRS)