Renaud Bastien and Mate Nagy, Max Planck Institute for Ornithology Radolfzell
On pourrait croire à la Patrouille de France… mais ces traînées artificielles sont celles laissées par un vol de cigognes. Et elles nous en apprennent beaucoup sur les stratégies de vol de ces oiseaux.
Durant leur migration, les cigognes doivent couvrir des milliers de kilomètres, depuis le nord de l’Europe, jusqu’en Afrique. Pour accomplir ce voyage, ces oiseaux profitent notamment des vents thermiques pour prendre de l’altitude sans effort. Difficile cependant d’étudier les subtilités de leur vol sur ces longues distances.

Malgré tout, grâce à des boîtiers électroniques de moins de 60 g munis d’un GPS, d’un accéléromètre et d’un transmetteur, une équipe de l’institut Max Planck, en Allemagne, est parvenue à équiper, juste avant leur migration, 27 jeunes cigognes nichant tout près du lac de Constance. Grâce à ce dispositif, les mouvements des oiseaux ont pu être modélisés avec une précision inégalée.

Le suivi met notamment en évidence deux stratégies de vol. Certains oiseaux expérimentés parviennent à profiter pleinement des thermiques : ils s’élèvent en effectuant des cercles parfaits et en battant très peu des ailes. Les autres tentent de les suivre tant bien que mal : leur vol est battu, ils changent souvent de direction, arrivent plus tard dans le thermique et en ressortent plus tôt.

Mate Nagy, Max Planck Institute for Ornithology Radolfzell
Selon les chercheurs, ces deux modes de vol conditionnent la migration elle-même. Les oiseaux battant beaucoup des ailes s’épuisent vite et restent généralement en Europe. Les autres, profitant pleinement des vents ascendants, parviennent jusqu’en Afrique.