Un tournant critique dans l’histoire de la vie sur Terre a été l'apparition des premiers organismes de grande taille, biologiquement complexes, au terme de près de trois milliards d’années d’une évolution dominée par les micro-organismes.
L'histoire de ces grands organismes débute il y a 680 millions d'années, en pleine période édiacarienne (635-541 millions d'années). Ils disparaissent quelques millions d'années plus tard, sans raison connue et sans laisser de descendance, mais les fossiles retrouvés un peu partout sur la planète témoignent d'une grande diversité de tailles et de formes.
C'est sur les falaises de la réserve de Mistaken Point, sur l'île de Terre-Neuve, au Canada, qu'affleurent les plus grands fossiles de cette période. En mesurant leurs tailles au laser, en observant leur disposition et leur répartition, Emily Mitchell et son équipe, de l'université de Cambridge, pensent avoir élucidé le mystère de leur grande taille. L'étude est parue dans la revue Nature Ecology & Evolution en date du 25 juin 2018. 
 
À cette époque, les océans étaient très riches en nutriments et les prédateurs inexistants. Être grand ne constituait donc pas un avantage compétitif pour se nourrir ni se défendre, mais représentait simplement, selon Emily Mitchell, le meilleur moyen de coloniser l'environnement.
Au-delà de cette découverte, ces écosystèmes florissants conservent bien des mystères : s'agissait-il d'animaux, de plantes, d'organismes intermédiaires ou d'une forme de vie éteinte ne ressemblant à aucun organisme vivant connu, une sorte « d'expérience manquée » de la vie multicellulaire ? L'énigme reste entière...