C’est un minuscule fragment d’os de 2 cm de long et pourtant il permet de comprendre un peu mieux l’histoire de l’évolution humaine. Trouvé en 2012 dans la grotte de Denisova, située dans les monts de l’Altaï, au sud de la Russie, ce fragment de fémur ou de tibia appartenait à une jeune fille d’environ 13 ans.
La grotte où elle est décédée était déjà célèbre pour avoir livré les premiers restes fossiles de l'Homme de Denisova, des fragments d'une phalange d'auriculaire et quelques dents.
En analysant ce vestige, des généticiens de l’Institut Max Planck sont parvenus à distinguer les chromosomes que la jeune femme avait hérités de son père et de sa mère. Pas de doute pour eux, ils lui ont été légué par une Néandertalienne et un Dénisovien.

Cette lignée est différente des Néandertaliens qui peuplaient alors l’Europe, et d’Homo sapiens qui allait remplacer ces deux populations. Pour leur part, les Dénisoviens ne nous sont connus que par quelques fragments osseux. On ne sait pas à quoi ils ressemblaient, mais on a pu retrouver des fragments de leur ADN dans le génome de populations actuelles de Papouasie ou d’aborigènes australiens.
Cette découverte montre donc que l’hybridation entre Neandertal et Denisova était possible comme elle l’était entre Neandertal et Sapiens.
Ces hybridations multiples bousculent une nouvelle fois la définition de ce qu’est une espèce, en principe confinée dans les frontières de l’interfécondité.
L’humain d’aujourd’hui est donc un mélange issu de ces hybridations à répétition.