Coup de chaud après Apollo
Durant les années 70, les instruments déposés sur la Lune par les missions Apollo ont mesuré une hausse de la température du sol lunaire. Comment expliquer ce qui pourrait être un « réchauffement climatique lunaire » ? Près de 40 ans plus tard, les chercheurs ont enfin la réponse à cette question.
Olivier Boulanger - Publié le
Lors des missions Apollo 15 (en 1971) et Apollo 17 (en 1972), les astronautes ont installé des instruments scientifiques qui ont pu mesurer durant plus de cinq ans l’évolution de la température du sol lunaire. Très curieusement, les instruments ont noté durant cette période une augmentation de température comprise entre 1,6 et 3,5 °C. Comme la Terre, La Lune connaîtrait-elle un réchauffement climatique ?
Durant plusieurs décennies, cette question est restée sans réponse, car, comme une grande partie des données recueillies lors des missions Apollo, ces enregistrements ont été égarés suite à des erreurs d’archivage. Il aura fallu attendre près de 40 ans pour que des chercheurs américains de la Texas Tech University remettent la main sur les bandes magnétiques contenant les données, et pour qu’une explication puisse enfin être proposée.
Selon les scientifiques, la Lune n’a pas connu de réchauffement climatique, et ce sont les astronautes eux-mêmes qui sont à l’origine de cette augmentation de température. En foulant le sol lunaire, ils ont en effet soulevé une fine couche de poussière, laissant derrière eux des traces beaucoup plus sombres, ce que confirment les images prises encore récemment par la sonde Lunar Reconnaissance Orbiter. Un sol plus sombre absorbe plus de lumière du Soleil, ce qui le rend plus chaud. La modélisation montre ainsi que la perturbation locale de température est à même de se propager jusqu’à un mètre de profondeur.
Si la Lune n’a pas connu de réchauffement climatique au cours des années 70, ces nouveaux résultats montrent en tout cas qu’il est quasi impossible de déployer des astronautes ou des instruments sur la Lune sans perturber son environnement de surface. Une leçon qui pourrait être utile lors des futures missions lunaires.