Une nouvelle espèce de tardigrade résistante aux rayons UV
Publié le - par Barbara Vignaux
Les tardigrades, ces créatures microscopiques aussi connues sous le nom « d’oursons d’eau », sont capables de survivre à la chaleur extrême, aux radiations et même au vide de l’espace – qui tuent la plupart des animaux. Or une équipe vient d’identifier une nouvelle espèce de tardigrade qui résiste aux rayons ultraviolets (UV) – une lumière si néfaste qu’elle est utilisée pour se débarrasser de virus et de bactéries.
Ladite découverte a été faite… par hasard. En effet, des chercheurs de l’Institut indien de la science (Indian Institute of Science) ont exposé, en laboratoire, des tardigrades à des conditions extrêmes. Et comme dans leur laboratoire se trouvait une lampe UV germicide, ils l’ont utilisée sur ces spécimens. Résultat : une dose de 1 kilojoule par mètre carré tue les bactéries et les vers ronds en 5 minutes, et Hypsibius exemplaris en 15 minutes ; la plupart étaient morts après 24 heures. Mais les chercheurs ont employé le même instrument sur une espèce étrange, rougeâtre, jusque-là inconnue… et tous les spécimens ont survécu. Au terme d’une augmentation de la dose à quatre reprises, 60 % de ces oursons d’eau brun ont survécu plus de 30 jours !
Les chercheurs ont alors réalisé qu’ils avaient découvert une nouvelle espèce de tardigrade – prélevée dans de la mousse sur un mur de béton au Bengaluru, en Inde – qui enrichit ainsi le genre Paramacrobiotus. Ils l’ont ensuite examinée avec un microscope à fluorescence inversée. À leur grande surprise, sous la lumière UV, les tardigrades rougeâtres sont devenus… bleus. Des pigments fluorescents, probablement situés sous la peau des tardigrades, ont donc transformé la lumière UV en une lumière bleue inoffensive, rapporte l’équipe dans Biology Letters.
Les chercheurs ont ensuite extrait les pigments fluorescents pour en enrober H. exemplaris et plusieurs vers de terre Caenorhabditis elegans. Le taux de survie chez ces animaux munis de « bouclier » s’est révélé deux fois supérieur à celui des animaux sans « bouclier ». Il est probable, selon les scientifiques, que les tardigrades aient développé la fluorescence comme moyen de mieux supporter les fortes doses d’UV typiques des chaudes journées d’été, dans le sud de l’Inde.