Un autre vaccin efficace contre le Covid-19 à plus de 90 %
Publié le - par LeBlob.fr, avec l’AFP
La perspective de premières vaccinations limitées contre le Covid-19 d’ici la fin de l’année se concrétise : après Pfizer/BioNTech la semaine dernière, la société de biotechnologie américaine Moderna a annoncé lundi que son vaccin était efficace à 94,5 %. Elle compte en fabriquer 20 millions de doses d’ici fin décembre.
Si ces deux vaccins étaient autorisés aux États-Unis, le gouvernement de Donald Trump prévoit d’avoir assez de doses d’ici avril pour toute la population. En Europe, des responsables tablent sur un début de distribution en janvier si un premier vaccin parmi les différents candidats était approuvé, avec des effets sur la pandémie d’ici l’été prochain. Le résultat de Moderna signifie que le risque de tomber malade du Covid-19 a été réduit de 94,5 % entre le groupe placebo et le groupe vacciné du grand essai clinique en cours sur 30 000 personnes aux États-Unis, selon une analyse préliminaire des tout premiers cas : en l’occurrence, 90 participants du groupe placebo ont attrapé le Covid-19, contre 5 dans le groupe vacciné.
On ignore encore la durée de la protection conférée par le vaccin, ce que seul le temps révélera. Mais si ce niveau d’efficacité était le même dans la population générale, ce serait l’un des vaccins les plus efficaces qui existent, comparable à celui contre la rougeole, efficace à 97 % en deux doses, et bien meilleur que contre la grippe (19 à 60 %), selon les Centres américains de lutte contre les maladies. Le vaccin de Pfizer aurait une efficacité de 90 %, et le vaccin russe Spoutnik V de 92 %, selon des premiers résultats communiqués la semaine dernière. « C’est un moment charnière dans le développement de notre candidat-vaccin contre le Covid-19 », a déclaré le patron de Moderna, Stéphane Bancel, se réjouissant des « premières indications cliniques que notre vaccin peut prévenir la maladie du Covid-19, y compris la forme grave ».
Aucun malade grave du Covid-19 n’a été enregistré parmi les personnes vaccinées, contre 11 dans le groupe placebo. Les experts ont largement salué la nouvelle, malgré l’absence de publication détaillée des résultats. « La lumière au bout du tunnel est de plus en plus vive », a réagi le médecin, professeur à Harvard et auteur Atul Gawande, qui a rejoint l’équipe conseillant le prochain président, Joe Biden, sur la pandémie. « Nous aurons peut-être au printemps et à l’été de multiples vaccins très efficaces largement distribués. » Environ 9 à 10 % des personnes vaccinées ont éprouvé de la fatigue et des courbatures après la seconde dose, et dans une moindre proportion d’autres effets secondaires dont maux de tête et rougeur autour du point d’injection.
Moderna demandera une autorisation de mise sur le marché « dans les prochaines semaines » aux États-Unis, où la production a déjà commencé. Elle devrait être lancée d’ici la fin de l’année en Suisse dans les usines du groupe Lonza. Si le vaccin était approuvé, la rapidité de développement serait une prouesse scientifique, moins d’un an après la sortie du virus de Chine.
20 millions de doses en 2020
Il fallut neuf ans dans les années 1950 pour développer et autoriser le vaccin contre la rougeole. La durée moyenne de développement des 21 vaccins approuvés depuis dix ans par la FDA fut de huit ans.
Le vaccin se fait en deux injections séparées de quatre semaines. Il doit être transporté à -20 °C (contre -70 °C pour celui de Pfizer), mais pourra ensuite être stocké décongelé dans un réfrigérateur (2 à 8 °C) pendant 30 jours. Il a été co-développé avec les scientifiques de l’Institut national des maladies infectieuses. Il est fondé sur une technologie récente (Moderna n’a été créée qu’en 2010), qui n’avait encore jamais fait ses preuves : l’ARN messager. Des instructions génétiques pénètrent directement les cellules humaines, qu’elles reprogramment pour qu’elles fabriquent elles-mêmes un antigène du coronavirus… afin de déclencher une réponse du système immunitaire.
Pour Moderna, qui a reçu 2,5 milliards de dollars d’argent public américain et promis 100 millions de doses au gouvernement américain, dont 15 millions, avant fin décembre, ces résultats sont la consécration de dix années de développement qui n’avaient, jusqu’à présent, jamais dépassé les phases initiales d’essais cliniques. Moderna a aussi signé des contrats avec le Canada, la Suisse, le Japon, Israël et le Qatar et est en négociation avec l’Union européenne, le Royaume-Uni et le programme international Covax. Elle prévoit de produire 20 millions de doses cette année, et entre 500 millions et un milliard en 2021, grâce à des sites de production et des partenaires industriels aux États-Unis, en Suisse et en Espagne.