Stériliser les moustiques pour combattre des maladies ? L’ONU tente le pari
Publié le - par le blob, l’extra-média, avec l’AFP
L’ONU a indiqué jeudi qu’elle allait examiner s’il était possible de combattre des maladies comme la dengue ou Zika en réduisant le nombre de moustiques dans le monde, en traquant et stérilisant les mâles.
Le constat de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) est sans appel : les moustiques font partie des animaux les plus dangereux par le nombre de décès qu’ils provoquent dans le monde. L’infection à virus Zika, la dengue, le chikungunya et la fièvre jaune sont ainsi quatre maladies transmises à l’homme par la même espèce de moustique, appelé Aedes aegypti.
La suppression de la population d’insectes – selon la technique dite de l’insecte stérile (TIS) – est une méthode utilisée dans l’agriculture depuis plus de cinquante ans pour lutter contre les ravageurs. Elle consiste à disséminer des insectes élevés en laboratoire et rendus stériles par irradiation.
Les moustiques mâles stérilisés pourront s’accoupler mais pas se reproduire. Des tests ont déjà permis de constater que cette technique permettait de réduire la population des moustiques, mais les scientifiques ne savent pas encore si cela peut avoir une incidence sur la transmission des maladies.
Appliquer cette technique pour tenter de limiter la transmission de maladies « pourrait être réellement significatif », a déclaré Florence Fouque, qui travaille au sein du Programme spécial de l’ONU sur la recherche et de formation concernant les maladies tropicales (TDR).
Le TDR, en association avec l’OMS, l’Agence internationale de l’énergie atomique et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation, a élaboré un programme pilote à l’intention des pays intéressés à utiliser la technique de stérilisation des moustiques.
Les pays sélectionnés devraient être connus début 2020 et les tests devraient durer plusieurs années, a expliqué Mme Fouque, lors d’une conférence de presse à Genève. Selon l’OMS, la capacité des moustiques à être porteurs de maladies et à les transmettre aux êtres humains entraîne des centaines de milliers de morts chaque année. Rien qu’en 2017, le paludisme a été responsable à lui seul de 435 000 morts.
L’incidence mondiale de la dengue a elle progressé de manière spectaculaire au cours des dernières décennies. Environ, la moitié de la population mondiale est exposée au risque. Environ trois millions de cas de dengue sont déclarés chaque année dans plus d’une centaine de pays, un chiffre qui ne représente que 20 % des cas réels, a indiqué Raman Velayudhan, coordinateur du Département des maladies tropicales négligées à l’OMS.
L’OMS espère que l’utilisation de la technique de stérilisation des moustiques réduira le nombre de cas de dengue « d’au moins 25 % entre 2025 et 2030 », a-t-il détaillé.