Schizophrénie : l’atrophie de l’hippocampe à l’adolescence
Publié le - par le blob
La schizophrénie touche en moyenne 0,5 % de la population générale et peut être liée à une défaillance du chromosome 22, nommée syndrome de délétion 22q11. À l’inverse, 30 % « seulement » des personnes ayant ce syndrome développent des symptômes psychotiques : hallucinations auditives, troubles de la mémoire et de la perception de la réalité, forte paranoïa… Qu’est-ce donc qui déclenche la maladie ?
Petit hippocampe et délétion
Menée par des chercheurs de l’université de Genève (Unige), l’étude, d’une durée de 18 ans, a porté sur 275 patients âgés de 6 à 35 ans : 135 personnes « contrôle », sans problème génétique et 140 personnes ayant le syndrome de délétion, dont 53 présentant des symptômes psychotiques modérés à sévères. Grâce à des IRM passées tous les trois ans, les chercheurs montrent que, dans le groupe atteint par le syndrome de délétion, l’hippocampe – la zone du cerveau responsable de la mémoire et des émotions – est de taille plus petite dès le début mais poursuit une courbe de croissance identique à celle du groupe contrôle. « Ceci nous permet de poser l’hypothèse que la taille plus petite de l’hippocampe trouve son origine in utero, lors de son développement dans le ventre de la mère », explique Valentina Mancini, chercheuse au département de psychiatrie de la faculté de médecine de l’Unige. Ce constat conforte de récentes études montrant la correspondance entre syndrome de délétion et hippocampe plus petit que la moyenne.
Atrophie brutale à l’adolescence
Autre constat, neuf celui-là : l’hippocampe s’atrophie de manière drastique à l’apparition des premiers symptômes psychotiques, en général à l’adolescence, et en particulier une des sous-parties de l’hippocampe appelée CA3. Pourquoi ? Des facteurs environnementaux pourraient être en cause, comme le stress ou une inflammation neuronale. « L’hippocampe des personnes ayant le syndrome de délétion étant plus petit, il doit compenser sa taille par une hyperactivité. En cas de gros coup de stress, plus particulièrement lors de la période critique de l’adolescence, cette hyperactivité provoque une hausse importante de glutamate qui “empoisonne” l’hippocampe et provoque son atrophie », suppose Valentine Mancini.
L’équipe genevoise travaille désormais aux pistes possibles de prévention de l’atrophie de l’hippocampe, afin d’en préserver les fonctions.