À Reims, des murs de béton imprimés en 3D pour du logement social
Publié le - par le blob, avec l'AFP
Des murs porteurs en béton réalisés par impression 3D : le bailleur social Plurial Novilia vient de déposer un permis de construire à Reims pour cinq maisons utilisant cette technique, une opération encore coûteuse, mais réduisant sensiblement le temps de fabrication et destinée à s’étendre.
« Ce ne sont pas les coffrages des murs qui seront imprimés en 3D comme sur un chantier de Nantes voici quelques mois, mais bien les murs porteurs de ces cinq maisons mitoyennes et de plain-pied », explique Jérôme Florentin, directeur de la maîtrise d’ouvrage de Plurial Novilia, filiale du groupe Action Logement, présentant ce projet comme une première en France.
Terminant un bras de sept mètres d’envergure, la tête d’impression du robot à un million d’euros mis au point par la société Xtreee de Rungis (Val-de-Marne) injectera donc directement le béton par couches successives, dont l’aspect et la texture rappellent la poterie en colombins.
« Une unité comparable vient d’être exportée à Dubaï où elle imprime des murs et des escaliers », souligne Alain Guillen, directeur général d’Xtreee, une start-up de huit salariés et un million d’euros de chiffre d’affaires née en décembre 2015 d’un projet universitaire d’impression 3D menée au sein du CNAM (Conservatoire national des arts et métiers). Pour le dirigeant, le projet rémois, baptisé ViliaPrint, et dont le permis de construire a été déposé le 15 mars, est d’autant plus intéressant qu’il sera soumis à l’étape capitale de la certification.
Car de l’évaluation que doit réaliser le Centre scientifique et technique du bâtiment d’ici la fin de l’année (test au feu, résistance au vieillissement...) dépendra la possibilité de dupliquer sur d’autres sites français la technique inaugurée à Reims.
Pour Viliaprint, un béton spécifique a été élaboré en partenariat avec la société Vicat à Grenoble. Il s’agissait de concevoir un matériau à la fois suffisamment liquide pour ne pas se solidifier dans la tête d’impression du robot et suffisamment dense pour prendre rapidement et permettre l’impression rapide d’une autre couche. « Avec cette technique, nous économisons 50 % de béton », affirme Jérôme Florentin.
Gain de matière première, mais aussi gain de temps (deux heures pour un mur, trois fois moins de temps qu'avec une méthode traditionnelle), diminution de la pénibilité au travail, hausse des compétences des maçons se transformant en opérateurs, liberté donnée à l’architecte d’imaginer de nouvelles formes comme les murs courbes ou elliptiques du projet ViliaPrint : les arguments en faveur de l’impression 3D béton ne manquent pas.
Pourtant, la technique reste coûteuse : plus de 30 % par rapport à une maison traditionnelle. Même si la R&D continue sur le robot d’impression et sur le béton, associée à l’utilisation de modules préfabriqués à proximité du futur chantier, qui contiendront entrée, cuisine, cellier, toilette et salle d’eau, ont permis de faire baisser le coût du mètre carré des maisons.
« D’environ 4 000 euros le m2 au début du projet, voici un an et demi, à 2 300-2 400 euros le m2 aujourd’hui », estime Jérôme Florentin. Une maison ViliaPrint et son jardin pourraient être commercialisés autour de 200 000 euros.
Et à terme, Plurial Novilia veut « faire passer l’impression 3D du stade expérimental actuel au stade pleinement opérationnel et reproductible », assure son directeur général Alain Nicole.
« Le marché potentiel est énorme. L’objectif reste bien de réaliser beaucoup d’autres maisons en impression 3D béton pour faire baisser encore leur coût », confirme Jérôme Florentin, qui étudie la possibilité de faire travailler ensemble deux robots d’impression 3D.