L’Asie a enregistré vendredi son premier cas de mpox, au Pakistan, au lendemain de la découverte en Suède d’un patient porteur d’une souche plus virulente du virus, une première hors d’Afrique où sévit une épidémie qui a poussé l’OMS à déclencher une alerte sanitaire mondiale.

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L’entrée de l’Institut national de Santé à Islamabad, le 16 août 2024 au Pakistan © AFP Farooq Naeem

La recrudescence du mpox en République démocratique du Congo (RDC), qui touche aussi le Burundi, le Kenya, le Rwanda et l’Ouganda, a incité l’Organisation mondiale de la santé à déclarer mercredi une urgence de santé publique de portée internationale, l’alarme la plus élevée.

L’OMS prévoit de publier prochainement les premières recommandations de son comité d’urgence et a déjà demandé, avec des ONG de santé, aux fabricants de vaccins d’accroitre largement leur production. « Nous avons besoin que les fabricants augmentent vraiment leur production pour que nous ayons accès à beaucoup, plus de vaccins », a déclaré à Genève une porte-parole de l’OMS, Margaret Harris. 

Jeudi, la Suède a annoncé avoir enregistré un cas de sous-type clade 1b, la même nouvelle souche qui a fait son apparition en RDC depuis septembre 2023. Le patient a été infecté lors d’une visite dans « la partie de l’Afrique où il y a une épidémie majeure de mpox clade 1″, selon l’Agence suédoise de santé publique.

La souche du virus mpox à l’origine du cas au Pakistan n’était pas immédiatement connue vendredi, a souligné le ministère de la santé pakistanais. La personne infectée, un homme de 34 ans, « vient d’un pays du Golfe », a précisé le ministère. Il est traité dans la province de Khyber Pakhtunkhwa, et des échantillons ont été envoyés à Islamabad pour qu’y soit effectué le séquençage génétique de la souche.

L’Europe « doit se préparer »

Après la découverte du cas en Suède, l’OMS a averti que d’autres cas importés de la nouvelle souche en Europe étaient probables « dans les jours à venir ».

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Des fioles de vaccin Imvanex contre le mpox, du laboratoire danois Bavarian Nordic, dans un centre de vaccination, le 10 août 2022 à Marseille © AFP/Archives Christophe Simon

« La confirmation du mpox du sous-type clade 1 en Suède reflète clairement l’interconnexion de notre monde (...) Il est probable que d’autres cas importés de clade 1 soient enregistrés dans la région européenne au cours des prochains jours et des prochaines semaines », a prévenu l’organisme.

De son côté, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) a appelé vendredi les pays de l’Union européenne et de l’espace économique européen à « se préparer » en vue d’une hausse du nombre de cas, pour « permettre une détection et une réponse rapides à tout nouveau cas ». « En raison des liens étroits entre l’Europe et l’Afrique, nous devons nous préparer à un plus grand nombre de cas importés de clade 1″, a souligné Pamela Rendi-Wagner, directrice de l’ECDC.

La France a pour sa part placé vendredi son système de santé en « état de vigilance maximale ». La Chine a annoncé vendredi renforcer ses contrôles vis-à-vis des personnes et des biens entrant sur son territoire, pour une durée de six mois.

Vaccination essentielle

L’épidémie touche particulièrement la RDC, pays d’environ 100 millions d’habitants. Son ministre de la santé, Samuel-Roger Kamba, a déclaré cette semaine dans une vidéo que le pays avait enregistré près de 16 000 cas « potentiels » et 548 décès cette année. Il a annoncé la mise en place d’un « plan stratégique national de vaccination » ainsi que d’autres mesures pour lutter contre l’épidémie.

Anciennement appelé variole du singe – appellation abandonnée au profit du plus neutre mpox–, le virus a été découvert en 1958 au Danemark, chez des singes élevés pour la recherche. Puis en 1970 pour la première fois chez l’homme dans ce qui est aujourd’hui la RDC. Le mpox est une maladie virale qui se propage de l’animal à l’homme mais qui se transmet aussi via un contact physique étroit avec une personne infectée par le virus. La maladie provoque de la fièvre, des douleurs musculaires et des lésions cutanées comme des pustules.

Les États-Unis vont donner 50 000 doses de vaccin contre le mpox à la RDC, car la vaccination « sera un élément essentiel de la riposte à l’épidémie ».

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Le mpox provoque de la fièvre, des douleurs musculaires et des lésions cutanées ressemblant à des furoncles © AFP/Archives François Lo Presti

De son côté, le laboratoire pharmaceutique danois Bavarian Nordic, fabricant d’un vaccin, s’est dit prêt jeudi à produire jusqu’à 10 millions de doses d’ici 2025. Actuellement, il dispose de quelque 500 000 doses en stock. Il existe deux sous-types du virus : le clade 1, plus virulent et plus mortel, endémique dans le bassin du Congo en Afrique centrale, et le clade 2, endémique en Afrique de l’Ouest.

Pays le plus peuplé d’Afrique avec plus de 218 millions d’habitants, le Nigeria a annoncé vendredi avoir recensé 39 cas de mpox et aucun décès depuis le début de l’année. Selon un expert du Centre nigérian pour le contrôle et la prévention des maladies (NCDC), ce serait des cas de type clade 2 « qui a un taux de mortalité assez bas » estimé à 0,1%. Une épidémie mondiale qui a débuté en 2022, impliquant le clade 2b, a causé quelque 140 décès sur environ 90 000 cas, touchant principalement des hommes homosexuels et bisexuels.

Le clade 1b, plus dangereux et actuellement en circulation, est plus transmissible et notamment par des contacts non sexuels, menaçant les enfants, principales victimes de l’épidémie actuelle en Afrique.