Magazine 100 % « Web3 » : les médias s’emparent aussi de la frénésie autour du nouvel internet
Publié le - par Le Blob, avec l’AFP
Émissions dédiées, numéro exclusif et même nouvelle publication : plusieurs médias traditionnels ou spécialisés s’emparent de la frénésie autour du « web3 » pour décrypter les enjeux liés à la nouvelle évolution d’internet comme la « blockchain », la technologie derrière les cryptomonnaies et les « NFT ».
Un magazine papier consacré au « web3 » et distribué gratuitement à 400 000 exemplaires mi-juin prochain dans les principales villes de France ? C’est le pari du journal 20 Minutes, signe de l’intérêt croissant pour ce sujet complexe qui a investi le débat public depuis plus d’un an. Si ses partisans la décrivent comme la nouvelle version d’un internet plus libre et décentralisé grâce à la « blockchain », la technologie derrière les jetons non fongibles (« NFT ») et les cryptomonnaies, le « web3 » reste encore pour ses détracteurs un concept qui agite surtout la sphère tech et communicants.
Baptisé « 20 Mint », l’une des ambitions de ce magazine est de donner aux lecteurs « un maximum d’informations pour qu’ils se fassent leur propre idée sur ces technologies qui auront un impact sur leur vie de tous les jours », explique à l’AFP Laurent Bainier, rédacteur en chef à 20 Minutes, à l’origine du projet. D’où le pari du format papier pour permettre un accès « indiscriminé » à l’information sur ces sujets encore trop réservés à une audience technophile, complète-t-il. « Il faut vraiment s’adresser aussi aux personnes qui s’en moquent ».
Interview de Macron
BFM Business, chaîne spécialisée dans les sujets économiques appartenant au même groupe que BFM TV, a aussi lancé depuis avril des émissions consacrées à l’univers « crypto », un podcast et même un site internet dédié.
Quelque 8 % des Français ont déjà investi dans les cryptomonnaies, d’après une étude du cabinet de conseil KPMG parue mi-février, tandis que 30 % d’entre eux envisagent d’en acquérir, selon un sondage Ipsos daté de janvier. S’appuyant sur ce potentiel d’audience, d’anciens journalistes de L’Express et Capital, Raphaël Bloch et Grégory Raymond, ont fondé début avril, avec leur associé Dimitri Granger, « The Big Whale », un média qui ambitionne de devenir la « référence » en France et Europe sur le « web3 ».
Inspiré par la réussite de médias spécialisés américains comme la newsletter aux plus de 200 000 abonnés « Bankless » ou le site d’information « The Block », qu’ils décrivent comme le « Financial Times de la crypto », « The Big Whale » propose deux newsletters hebdomadaires : l’une gratuite, plutôt grand public, et une autre payante, enrichie de contenus premiums. Leur premier gros coup ? Une interview exclusive d’Emmanuel Macron entre les deux tours de l’élection présidentielle, dans laquelle celui qui était alors candidat-président dévoilait ses ambitions dans le numérique et sa vision du « web3 ».
Journalisme 3.0
De quoi signer un démarrage au-delà des attentes. « On a fait, en un mois, les chiffres qu’on avait prévus sur six mois », indique à l’AFP Raphaël Bloch, à savoir près d’un millier d’abonnés payants et 10 000 abonnés gratuits, alors que les trois co-fondateurs ont investi « quelques milliers d’euros » sur leurs fonds propres pour se lancer. « Surtout, on a pas mal de marques d’intérêts de “business angels”, qui sont séduits par notre vision des choses », notamment « sur le besoin de renouveler l’approche dans les médias, comme dans toute industrie », ajoute-t-il.
En acceptant d’être rémunéré en cryptomonnaies, « The Big Whale » espère aussi « révolutionner » le lien avec les abonnés. Car s’intéresser au « web3 », c’est aussi avoir l’ambition de transformer la pratique du journalisme, ainsi que son modèle économique, à l’heure des NFT et de la « gouvernance décentralisée ».
Pour financer « 20 Mint », 20 Minutes a par exemple mis en vente 999 « NFT » de machines à écrire. Résultat : l’équivalent de 280 000 euros récoltés en cryptomonnaies en moins de 20 heures. En récompense, les détenteurs de ces « NFT » pourront intégrer la « communauté éditoriale », proposer des sujets et même voter pour ceux qui seront rédigés par la rédaction de 20 Minutes pour ce numéro spécial. Comme un air de journalisme 3.0.