Les robots aussi peuvent vous taper sur les nerfs
Publié le - par Sébastien Fragoso
McGregor vs Mayweather, un « trash talk » devenu viral
La scène est devenue virale. Même s’il perdra le match le lendemain contre le boxeur Floyd Mayweather, le combattant Conor McGregor a remporté haut la main son premier combat, celui du trash talk, qu’il conclue dans un hurlement bestial. Il faut dire que le champion de MMA est une véritable star dans le domaine (parfois traduit en « parler poubelle »), une pratique bien ancrée dans la culture du sport nord-américain. Si l’on sait que ces piques virulentes parviennent parfois à déstabiliser et intimider son adversaire, on ignorait toutefois qu’elles avaient le même effet de la part… d’un robot.
Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs de l’université de Carnegie Mellon ont étudié les performances de 40 joueurs dans un jeu appelé « Gardiens et Trésors », un jeu dit de Stackelberg souvent utilisé pour mesurer la rationalité des participants. Face à eux, Pepper, un robot humanoïde disponible dans le commerce capable de parler et bouger.
Pepper est programmé soit pour lancer des mots d’encouragement à son adversaire, soit des insultes modérées : « Je dois dire que vous êtes un joueur terrible » ou « Au cours de la partie, votre jeu est devenu confus » – on a connu « trash talk » plus incisif. Chaque participant a pu disputer 35 parties contre le robot.
Bien que la rationalité de tous les joueurs ait augmenté avec le nombre de parties, ceux qui se faisaient critiquer par leur adversaire ont vu leurs performances diminuer par rapport aux autres. Les paroles mêmes d’un robot affectent donc nos performances.
L’auteur principal de l’étude Aaron M. Roth souligne que tous les participants étaient capables d’identifier la source de leur inconfort. « Je n’aime pas ce que le robot dit, mais c’est la façon dont il a été programmé donc je ne peux pas lui en vouloir », déclare ainsi l’un des joueurs.
C’est l’une des rares études qui montrent une interaction homme-robot dans un cadre de non-coopération. Elle devrait permettre de concevoir des robots et des intelligences artificielles aux interactions plus naturelles, un argument particulièrement important dans un contexte de forte croissance de l’internet des objets.
Et comme observé dans certaines études, les robots sauront peut-être user de trash talk pour stimuler un esprit de compétition bien humain.