Les premiers trains à hydrogène français bientôt sur les rails
Publié le - par LeBlob.fr avec l’AFP
Lancé en Allemagne en 2018, le train à hydrogène doit enfin démarrer en France avec la signature d’un contrat pour 12 rames destinées à quatre régions pionnières, les premiers essais étant prévus fin 2023. La SNCF a passé commande des premiers modèles à Alstom, pour le compte des régions Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne–Franche-Comté, Grand Est et Occitanie.
Le président d’Alstom France Jean-Baptiste Eyméoud envisage « les premiers essais sur voie fin 2023, et a priori une mise en service commerciale en 2025 ». Avec près de deux ans de retard sur les ambitions initiales du gouvernement.
Auvergne-Rhône-Alpes a déjà indiqué que les nouveaux trains circuleraient entre Saint-Étienne et Clermont-Ferrand, Bourgogne–Franche-Comté du côté d’Auxerre, et l’Occitanie sur la ligne conduisant à Bagnères-de-Luchon (Haute-Garonne).
Alstom fait figure de pionnier dans le train à hydrogène, avec une technologie mise au point dans son usine de Tarbes. Il a fait circuler ses premiers prototypes en Allemagne en 2018 et y est maintenant entré dans une phase industrielle, avec 41 commandes à ce jour. Le groupe français a aussi vendu des modèles en Italie.
Mais là où les modèles allemands sont monomodes, fonctionnant uniquement à l’hydrogène, les français seront bimodes, capables également de rouler sous caténaires en traction électrique. Ils auront une autonomie allant jusqu’à 600 km sur les lignes non-électrifiées. Ces trains mélangent de l’hydrogène embarqué à bord et de l’oxygène présent dans l’air ambiant, grâce à une pile à combustible installée dans la toiture qui produit l’électricité nécessaire à la traction de la rame. Ils ne rejettent que de la vapeur d’eau.
Conversion des TER
Alstom va concrètement installer une chaîne de traction à hydrogène sur un modèle éprouvé parmi les TER français (appelé Coradia Polyvalent par le constructeur national et Regiolis par la SNCF) : longs de 72 mètres, ces trains de quatre voitures offriront 218 places assises.
Le contrat s’élève pour Alstom à 190 millions d’euros pour 12 rames. Il prévoit la fourniture de trois trains à chacune des quatre régions pionnières, auxquels pourraient s’en ajouter deux en options pour le Grand Est. Divers frais font augmenter la facture à 215 millions pour les régions, mais une aide de 47 millions de l’État vient réduire le prix à 14 millions par rame, c’est-à-dire celui d’un train diesel-électrique dans cette catégorie.
« La France a tout pour devenir un champion de l’hydrogène : le gouvernement est pleinement engagé pour faire de cette ambition une réalité », a remarqué à ce propos le ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste Djebbari, cité dans un communiqué. La SNCF, longtemps réticente, a fini par se convertir à l’hydrogène, désormais considéré comme une bonne option pour remplacer le diesel. Elle s’est donnée pour objectif de ne plus utiliser de diesel en 2035.
Au-delà des prototypes, le marché semble prometteur, puisque près de 1100 TER utilisent actuellement du diesel. La compagnie teste également diverses formules utilisant des batteries et des carburants « verts » comme le colza. Mais il reste à voir si l’on peut utiliser de l’hydrogène « gris » (fabriqué avec des processus utilisant des énergies fossiles, donc polluants) avant de passer à l’hydrogène « verts » (issu d’énergies renouvelables – par électrolyse de l’eau – vraiment propre mais nettement plus cher), pour lequel la France n’est pas prête. Il faudra aussi assurer des filières permettant d’alimenter les trains.
Autre difficulté potentielle : le type de train qui doit être adapté à l'hydrogène est fabriqué par le site alsacien de Reichshoffen. Or, Alstom s'est engagé à céder l'usine et le train à un concurrent pour obtenir le feu vert de Bruxelles à son rachat de Bombardier Transport.
D'où la nécessaire mise en place d'un mécanisme associant le futur repreneur. Alstom est en négociation exclusive jusque fin avril avec le groupe tchèque Skoda.