Le Royaume-Uni s’apprête à « vacciner plus de gens » grâce au vaccin AstraZeneca/Oxford
Publié le - par LeBlob.fr avec l’AFP
Approuvé par le régulateur britannique, le vaccin contre la Covid-19 mis au point par le groupe AstraZeneca avec l’université d’Oxford va permettre aux autorités britanniques de « vacciner plus vite plus de gens », avec l’espoir d’enrayer rapidement une envolée des cas attribuée à un variant du virus.
« L’autorisation du vaccin d’Oxford/AstraZeneca constitue un succès formidable pour la science britannique », a salué mercredi soir lors d’une conférence de presse le Premier ministre Boris Johnson, quelques heures après le feu vert de l’Agence de réglementation des médicaments et des produits de santé, qui estime que le médicament « répond à des normes strictes de sécurité, de qualité et d’efficacité ».
Premier État à approuver ce vaccin, le Royaume-Uni est l’un des plus touchés par la pandémie en Europe avec 72 500 morts, dont 981 enregistrées mercredi, un record journalier par rapport à la première vague de Covid-19. Les contaminations y atteignent des niveaux record – plus de 50 000 nouveaux cas pour le deuxième jour consécutif –, ce qui fait craindre le pire pour les semaines à venir, alors que ses hôpitaux sont déjà proches de la saturation. Trois quarts de la population a été reconfinée et la rentrée des classes repoussée pour certains élèves.
Le vaccin « national » était donc très attendu. Il est bien moins cher que celui de Pfizer/BioNTech déjà distribué et peut être conservé dans un réfrigérateur, à une température située entre deux et huit degrés Celsius, ce qui facilite une vaccination à grande échelle.
Ce vaccin sera utilisé dès lundi au Royaume-Uni, qui en a commandé 100 millions de doses, de quoi vacciner 50 millions d’habitants avec deux doses chacun. La priorité sera donnée à neuf catégories à risques représentant 99 % des décès : résidents de maisons de retraites, soignants, personnes âgées de plus de 50 ans et personnes à risque.
Pour accélérer l’administration d’une première dose à une population la plus large possible, les deux doses nécessaires seront espacées considérablement, jusqu’à 12 semaines, période pendant laquelle les personnes vaccinées sont protégées.
Lors d’une conférence de presse, les experts scientifiques ont expliqué que le vaccin offrait une protection à partir du 22e jour suivant la première injection, et pour au moins trois mois. « Cela nous permettra de vacciner plus de gens, et aussi de les vacciner plus vite », s’est félicité Boris Johnson.
Le vaccin AstraZeneca/Oxford est le deuxième vaccin approuvé par la MHRA, après celui de Pfizer/BioNTech. Depuis Margaret Keenan, 91 ans, première personne vaccinée à l’aube du 8 décembre, à Coventry, plus de 800 000 personnes l’ont reçu.
L’enjeu est majeur pour le gouvernement de Boris Johnson, très critiqué pour les ratés de sa gestion de la pandémie. Face à la forte contagiosité du nouveau variant du coronavirus (jusqu’à 74 % supérieure selon une étude britannique), il n’a pas caché que la vaccination représentait son principal espoir pour sortir des confinements locaux dévastateurs pour l’économie. « Nous sommes toujours dans le tunnel de cette pandémie, a-t-il concédé, mais la lumière au bout du tunnel n’est pas seulement visible, le tunnel a été raccourci grâce à la prouesse du génie britannique ».
Le vaccin Oxford/AstraZeneca se base sur une version affaiblie d’un virus commun chez les chimpanzés, génétiquement modifié. Dans les résultats intermédiaires d’essais cliniques, le laboratoire britannique avait annoncé en novembre que son vaccin était en moyenne efficace à 70 % contre plus de 90 % pour ceux de Pfizer/BioNTech et Moderna.
Mais cette moyenne cachait de grands écarts entre deux protocoles : l’efficacité est de 90 % pour les volontaires qui ont d’abord reçu une demi-dose, puis une dose complète un mois plus tard, mais de seulement de 62 % pour un autre groupe vacciné avec deux doses complètes.
Ces résultats avaient été critiqués car l’injection d’une demi-dose était due à une erreur et seul un groupe réduit avait suivi le deuxième protocole, poussant l’entreprise à effectuer des recherches supplémentaires.
La version approuvée prévoit l’injection de deux doses complètes, le chef du projet Andrew Pollard assurant sur la BBC disposer de « données très robustes » soutenant cette méthode. Il a assuré qu’il n’y avait « aucune preuve » indiquant que le vaccin n’était pas efficace contre le nouveau variant.